Travaux fondateurs sur la communication sonore chez les primates

2009 
Les proximites anatomiques homme/singes amenent tres tot les naturalistes a s’interroger sur la nature de la communication sonore des singes. Les sons qu’ils echangent s’apparentent-ils au langage humain? Le tout premier travail sur les sons des primates est celui de Garner a la fin du 19e siecle. Ce precurseur realise egalement les premieres experimentations en rediffusant aux animaux les sons enregistres (en 1892). Le premier descriptif d’un repertoire vocal est du a Carpenter en 1934 sur les hurleurs. Ce travail restera longtemps isole. Au 20e siecle, les recherches effectuees cherchent a tester les capacites des primates, et surtout des grands singes, a acquerir des sons pour « apprendre a parler ». Ce sont les travaux des Hayes apprenant l’anglais a un chimpanze: les resultats sont peu probants. Cet echec va reorienter les recherches vers les signaux visuels. Ainsi, les Gardner reussissent a apprendre le langage des signes a un chimpanze. Ces travaux precurseurs vont donner lieu a un developpement important des recherches dans ce domaine, visant a tester les capacites des grands singes a apprendre un repertoire de signaux visuels artificiels ainsi qu’a les organiser selon une structure. Cette filiere sur la syntaxe ne semble plus attirer l’interet des chercheurs, faute de resultats probants. Entretemps, Lieberman va mettre en evidence que l’homme se differencie des singes par la descente du larynx et la formation d’un pharynx. Cette caracteristique anatomique qui rend buccal au lieu de nasal le tractus vocal, est la premiere explication plausible de l’inaptitude des singes a parler. Avec le developpement des etudes de terrains induites par DeVore sur les babouins, puis l’apparition apres la deuxieme guerre mondiale des analyseurs sonores, la description des repertoires sonores de differentes especes va augmenter considerablement. Les ethologistes s’interessent aux fonctions immediates des differentes categories vocales qu’ils decrivent. En se basant sur les recherches de Struhsaker sur les vervets, Seyfarth et Cheney vont orienter pendant des decennies les travaux sur la communication acoustique des singes vers la recherche systematique des signaux referentiels pour demontrer qu’ils ont des rudiments de langage. Ces travaux ont fortement influence les recherches en bioacoustique sur les primates. Il faut cependant reconnaitre a ces deux chercheurs d’avoir : introduit l’experimentation sur le terrain ; mis en evidence le role de l’apprentissage social dans l’acquisition de la signification des differents types de sons du repertoire des especes au cours de l’ontogenese. L’absence de competence des primates a acquerir des signaux sonores nouveaux et donc d’acquerir une forme de « langage parle » va mettre des decennies a etre admise par les primatologues. Il faudra la demonstration de la structure metissee des sons manifestes par les hybrides pour que l’on admette que les vocalisations emises par les primates sont determinees genetiquement. Ce fait etabli, les sons vont alors etre utilises comme de nouveaux caracteres pour les reconstitutions phylogenetiques (Struhsaker, Gautier), qui sont toujours pertinentes au regard des analyses genetiques actuelles.
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