Entre création et transmission

Ce chapitre examine les representations de la femme choregraphe a travers l'etude de la reception du "Papillon", un ballet que Marie Taglioni compose en 1860 sur un livret de Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges et une partition de Jacques Offenbach. En octobre 1858, a la faveur des debuts de la jeune ballerine Emma Livry dans "La Sylphide", et que la presse parisienne presente comme sa digne heritiere, Marie Taglioni reprend contact avec la direction de l’Opera, obtient rapidement un emploi d’inspectrice des classes de danse puis un poste de professeur de la classe de perfectionnement. L'ancienne danseuse, qui avait pris sa retraite en 1847, se trouve ainsi dans un moment crucial de sa carriere professionnelle ou le passage du statut d’interprete a celui de choregraphe ne depend pas seulement des responsabilites artistiques et pedagogiques que la direction de l’Opera lui a effectivement confiees mais egalement de l’appreciation qui en est faite par la critique dramatique et musicale professionnelle. Si la choregraphe a su s’appuyer sur un solide reseau professionnel, une longue experience et une incontestable renommee acquis durant sa carriere, elle se confronte a une representation genree de la division du travail artistique l’assignant aux deux seules fonctions professionnelles convenables pour une femme : l’execution d’une œuvre creee par un homme ou, au mieux, sa reproduction dans le cadre d’une activite pedagogique