Grandeurs et servitudes domestiques : expériences sociales de femmes au foyer

2006 
Depuis les annees 1970, avec l’augmentation continue du travail feminin, la norme est massivement devenue celle de la biactivite. Du coup, dans la France des annees 2000, les femmes au foyer font figure de categorie residuelle, historiquement datee. Cette pretendue insignifiance quantitative, associee a la valeur du travail comme marqueur d’identite sociale et d’independance personnelle, expliquent que l’experience des femmes « inactives » soit largement evacuee des analyses sociologiques. Notre these a pour objectif d’investir ce champ peu explore. A partir de l’exploitation secondaire de l’enquete Insee Histoires de Vie et Construction des Identites (2003) et d’entretiens realises avec de femmes au foyer de differents milieux sociaux, nous avons analyse les traductions sociales, conjugales, familiales et personnelles du choix feminin d’« inactivite ». Eloignees des canons de la modernite salariale et familiale, l’imaginaire social fait d’elles, le plus souvent, des etres assujettis. Or, sur la base des reactions adoptees face a la stigmatisation sociale dont elles s’estiment victimes, sur celle de l’examen des interactions conjugales et de leur utilisation des « temps sociaux », nous verrons que cette vision cadre tres partiellement avec la realite. Ainsi, contre toute attente et bien qu’en des proportions variables, les femmes au foyer s’inscrivent aussi, plus qu’elles ne s’y opposent ou l’infirment, dans le mouvement d’autonomisation des individus, caracteristique de la modernite. Nous sommes donc ici au plus loin de la vision miserabiliste qui leur est communement attachee.
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