Paris XIe, 45 rue du Faubourg Saint-Antoine - 1 cour Saint-Louis : occupations antique et moderne au faubourg Saint-Antoine. Document Final de Synthèse

2015 
Pour la premiere fois, une installation antique a ete mise au jour a l'est de Lutece. Les vestiges, compris entre la fin du IVe siecle et le debut du VIe siecle forment une ensemble coherent, non stratifie, reparti sur une surface de pres de 300 m2. Elle releve tres probablement d'un site plus important qui s'etendrait vers le sud et vers l'ouest. Les structures renvoient a deux types d'activites : l'extraction de limon et la conservation des produits agricoles. Par ailleurs, les etudes de mobilier attestent la pratique d'activite artisanale comme l'exploitation de materiaux d'origine animale (os, corne et bois de cerf) ou encore le tissage. Enfin, une sepulture isolee, datee entre 367 et 380, a livre la presence exceptionnelle d'un chat et d'une patte de bœuf. Ces gestes, associes a l'emplacement de l'inhumation, posent la question d'une eventuelle appartenance, sociale ou communautaire, particuliere de cet individu. La premiere occupation de la periode moderne (fin XVIe - premiere moitie XVIIe siecle) correspond a un niveau de jardin ou de cultures maraicheres. Tout au long du XVIIe et jusqu'au debut du XVIIIe siecle, les sources historiques indiquent que la partie septentrionale de la parcelle, situee au milieu de l'ilot servait de lieu de stockage du bois. La fouille a montre qu'elle etait egalement occupee par des fosses d'extraction de sable et de limons, de tres grandes dimensions. Leurs remplissages, souvent detritiques, ont livre un abondant mobilier. Dans la seconde moitie du XVIIe siecle, pres de la rue du Faubourg Saint-Antoine, une phase de construction sur piles maconnees a ete mises au jour. Un niveau de circulation afferant etait exclusivement compose de residus metallurgiques, demontrant la presence d'une forge a cet emplacement. Une etude menee sur ces dechets constitue l'une des premieres caracterisations archeometriques de scories issues d'une forge utilisant du charbon de terre comme combustible. Les techniques metallurgiques identifiees seraient tout a fait adaptees au travail d'un coutelier, dont la presence est attestee en 1666. Entre 1708 et 1726, tous les bâtiments furent abattus et remplaces par de nouveaux, dont l'immeuble actuel donnant sur la rue du Faubourg Saint-Antoine. Cette phase de construction correspond a la naissance de la cour Saint-Louis, qui a perdure, avec de nombreuses modifications, jusqu'en 2012. Cet ensemble de cours et de bâtiments, desservi par un passage sinueux, faisait partie de ces grandes cours artisanales, puis industrielles, caracteristiques de ce faubourg de l'est parisien. Seul un petit nombre de structures fouillees relevent de cette epoque. Au sud, des maconneries ont ete degagees, mais les niveaux de sol associes avaient disparu. Il ne restait donc aucun vestige de l'artisanat exerce par les chaudronniers auvergnats du passage Saint-Louis cites a maintes reprises dans les sources. La partie septentrionale de la parcelle a ete nivelee par d'epais remblais qui ont livres des rejets domestiques, mais aussi de nombreux rebuts de cuisson de ceramique. L'etude de ces derniers a pour la premiere fois permis d'apprehender de facon archeologique les productions des potiers du faubourg Saint-Antoine. Ce secteur constituait le pole principal de la fabrication de la ceramique de Paris a cette periode. Par ailleurs, cette intervention a fourni un panel representatif des formes en usage en Ile-de-France entre la fin du XVIIe siecle et le XVIIIe siecle. Quelques structures en creux liees a cet habitat, dont quatre latrines, ont ete mises au jour. Parmi celles-ci figure une forme peu frequente constituee de tonneaux alignes et empiles. Un puisard a egalement ete degage, il contenait un important depotoir de preparation de palais de bœuf.
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