A quoi bon les moralistes ? Observations

1998 
Evoquer une tradition moraliste en France, cela n'implique pas qu'elle n'ait pas de representants dans d'autres litteratures, ni qu'elle soit exclusivement francaise en France meme, ou les modeles empruntes a l'Antiquite grecque et latine n'ont cesses d'etre utilises. Il n'est pas non plus concevable de considerer cette tradition comme continue et satisfaisant uniformement aux memes criteres et a la meme finalite. L'evaluation de ses epoques successives doit s'appuyer sur une definition de cet ecrivain par excellence qu'est le moraliste : confondant en lui, et donc denaturant, philosophie et poetique, visant et dementant par l'usage de la forme breve la logique du discursif, organisant les interferences du regard historique et de l'eclairage selon l'universel, confrontant l'authenticite supposee de sa propre parole a la reaction virtuelle de son lecteur. En raison de l'equilibre variable de ces composants, la maniere du moraliste evolue et sa figure se modifie. La specificite formelle, l'autorite transhistorique de la lecon, le dessein annonce de persuasion paraissent predominants dans la periode ou l'on voit s'imposer le style du moraliste a la francaise. Dans les ecrits modernes et contemporains, la tendance s'inverse, si bien que, l'aphorisme se demarquant de plus en plus de la maxime, la forme breve, tenue pour caracteristique, exprime un rapport plus direct et moins suspect d'esprit de systeme de la reflexion ou pensee ou anecdote mise en oeuvre avec la subjectivite du moraliste et les sollicitations du monde et des evenements actuels. La tradition moraliste se perpetue donc dans une forme qui ne sait reflechir l'actualite sans denoncer la tradition.
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