Carte géologique de la France (1/50 000) et sa notice, feuille Saint-Pierre et Miquelon

2015 
L’archipel de Saint-Pierre et Miquelon se situe au niveau du plateau continental de l’Atlantique Nord, sur la rive nord du detroit de Cabot, qui marque l’exutoire sous-marin du fleuve Saint-Laurent, et a 20 km de la peninsule de Burin (Terre-Neuve) vers l’Est. La geologie de l’archipel se rattache a la zone d’Avalon definie a Terre-Neuve, ou se situe aujourd’hui le stratotype du passage Precambrien-Cambrien. Cette zone d’Avalon correspond a une ancienne chaine de montagnes, cadomienne-avalonienne, edifiee a la fin du Proterozoique (680-550 Ma). Les temoins de cette chaine precambrienne affleurent sur les iles de Cap Miquelon, de Miquelon et de Saint-Pierre. Le groupe du Cap Miquelon affleure a l'extremite septentrionale de l'archipel. Il est constitue de roches sedimentaires metamorphisees, recoupees par des intrusions de diorites âgees de 615 Ma. L’âge des roches sedimentaires est inconnu, mais vraisemblablement compris entre 850 et 615 Ma. Plus haut dans la succession stratigraphique, les groupes de Miquelon et de Saint-Pierre sont issus d’un volcanisme explosif dont l’âge est compris entre 585 et 575 Ma. Ce volcanisme comprend des tufs cendreux, des tufs a lapillis et des breches pyroclastiques. Ces roches forment les nombreuses falaises de Saint-Pierre et les mornes de la Grande Miquelon. Localement, ces groupes presentent a leur base des facies effusifs de basaltes et d'andesites. L’ile de Langlade est formee essentiellement de roches sedimentaires divisees en trois groupes : Fortune, Langlade et Belle-Riviere. Le groupe de Fortune, constitue de roches silto-argileuses et de quartzites, est date de la base du Cambrien inferieur (541-521 Ma) d’apres les faunes presentes. Le groupe de Langlade, constitue de schistes rouges, gris, noirs et de calcaires, est rapporte au Cambrien inferieur a moyen (521-500 Ma). Le groupe de Belle-Riviere est constitue de formations volcaniques (ignimbrites et basaltes) datees a 570 Ma, mais egalement de roches sedimentaires comparables a des depots devonocarboniferes connus dans les peninsules de Burin et d’Avalon. Les deformations cadomiennes et acadiennes qui affectent les ensembles precedents sont toujours moderees, avec un faible metamorphisme. Seules les roches sedimentaires du Cap Miquelon presentent un metamorphisme de type amphibolite. Des dykes de dolerites recoupent l’ensemble des formations de l’archipel. Un âge mesozoique (Trias superieur a Lias inferieur, 220 a 195 Ma) est propose pour ces intrusions qui seraient liees a l’ouverture de l’Atlantique Nord. La suite de l’histoire geologique regionale nous est donnee par l’analyse du forage Bandol-1 : l’ouverture de l’Atlantique s’accompagne d’une epaisse sedimentation continentale dans des bassins paralleles a la chaine appalachienne. Les bassins deviennent progressivement marins puis s’epaississent, l’ocean proto-Atlantique s’approfondit alors que l’Amerique du Nord se separe definitivement de l’Afrique il y a 160 millions d’annees. Vers 125 Ma, la reorganisation tectonique de l’Atlantique Nord le long d’une faille transformante majeure provoque la surelevation du Sud-Est de Terre-Neuve et des Grands Bancs voisins, ce qui marque le debut d’une intense periode d’erosion et de peneplanation des reliefs qui va durer 50 Ma. Vers 70 Ma, le Groenland se separe du Canada, ouvrant la mer du Labrador. Des lors, et durant tout le Tertiaire, la sedimentation et l’erosion seront guidees par le basculement de la plateforme vers le large, sous le double effet de la subsidence thermique et des variations du niveau marin. Enfin, depuis 3 millions d’annees, le plateau continental a subi les glaciations quaternaires. Lors de la derniere periode, il y a environ 18 000 ans, l’inlandsis recouvrait entierement les iles de Saint-Pierre et Miquelon ; le mouvement de ces glaces a faconne la morphologie de l’archipel, la rendant telle que nous la connaissons aujourd’hui. Une sismicite intraplaque observee autour de l’archipel semble liee aux differences de mouvements verticaux derives du rebond post-glaciaire ; les seismes materialisent les zones d’articulation entre les secteurs en soulevement et les secteurs en subsidence. L’archipel de Saint-Pierre et Miquelon, un temps en emergence postglaciaire, comme en attestent les plages soulevees observables a Langlade, semble desormais s’inscrire dans une phase de subsidence lente de la lithosphere par rapport au geoide, a un taux d’environ 2 a 4 mm/an.
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