La strychnine, un vieux poison… toujours d’actualité !

2021 
Objectifs La strychnine est un alcaloide toxique utilise depuis le 15e siecle comme rodenticide ; son utilisation est interdite en France depuis 1999 [1] , [2] . Cependant, des cas souvent mortels sont toujours signales, notamment aux centres antipoison. En janvier 2020, le centre antipoison etait contacte pour un cas de suicide avec 5 g d’une poudre contenue dans un vieux flacon pharmaceutique identifie : « strychnine sulfate neutre » ; le patient est decede. Notre travail a pour objectif de decrire les cas d’intoxication par la strychnine rapportes aux centres antipoison francais. Methode Nous avons conduit une etude multicentrique non-interventionnelle a partir des donnees des centres antipoison francais entre le 01/01/2007 et le 30/09/2019. Les dossiers ont ete selectionnes par la recherche du mot-cle « strychnine » dans les observations, des agents d’exposition qui contenaient de la strychnine ou des dossiers suspectes d’etre des intoxications a la strychnine pour lesquels une strychninemie etait positive. Les dossiers exclus etaient des demandes d’information sans exposition, des dossiers impliquant des animaux, des expositions a des produits qui ne contenaient finalement pas de strychnine ou qui n’etaient pas clairement identifies, egalement en l’absence de strychnine dans le sang (ou non detectable ou non quantifiable) avec des agents non-identifies ou enfin lorsque l’exposition etait mise en doute. Resultats Il a ete possible de selectionner 280 dossiers, dont 186 ont ete exclus. Au final, 94 cas ont ete retenus et analyses. L’incidence moyenne etait de 7,2 ± 3,4 cas par an, relativement stable dans le temps. L’âge median etait de 54 ans avec un sex-ratio de 2,36 (H/F). La circonstance etait tres souvent volontaire (72 cas soit 78 %), resultant le plus souvent d’une conduite suicidaire (71 cas soit 92 % des cas volontaires), 1 cas etait d’origine criminelle et 1 cas etait de circonstance indeterminee. Quinze patients sont decedes (14 %), 10 (68 % des decedes) l’ont ete sur place avant l’arrivee des secours. Sur les dossiers selectionnes dans notre etude, les symptomes etaient les suivants : myoclonies (23 cas soit 25 %), convulsions (20 cas soit 21 %), vomissements (20 cas soit 21 %), hypertonie generalisee (19 cas soit 20 %) et des symptomes cardiovasculaires : arret cardiaque (19 cas soit 20 %). Une strychninemie s’est revelee positive dans 13 cas (soit 14 %), le prelevement avait lieu entre 2,2 et 41 h apres l’exposition et les concentrations seriques s’echelonnaient entre 0,067 et 1,8 mg/L. Les techniques de dosage n’etaient pas mentionnees dans les dossiers. Conclusion L’intoxication par la strychnine est un evenement relativement rare mais qui reste present a bas bruit d’annee en annee avec une certaine constance. Meme si ce produit est interdit sur le territoire, il reste facile a obtenir sur internet ce qui augure une probable continuite des expositions. Theoriquement les symptomes debutent 15 a 30 minutes apres l’ingestion par la survenue brutale d’une hyperexcitabilite musculaire, avec des contractures declenchees a la moindre stimulation, un trismus, un opisthotonos puis des convulsions generalisees. Une rhabdomyolyse et une acidose lactique secondaire sont decrites. Le patient decede generalement d’une defaillance multiviscerale (respiratoire (asphyxie), cardiaque, renale et cerebrale) [2] , [3] . Les centres antipoison apportent une claire plus-value dans leur prise en charge, en particulier car l’intoxication est rare, severe et mal connue.
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