La douleur en psychiatrie : une problématique transnosographique

2018 
La douleur en tant que processus pathologique majeur a fait l’objet d’une prise de conscience assez recente. Chez les patients souffrant de troubles psychiatriques, la prevalence de la douleur est plus elevee qu’en population generale, interrogeant sur les processus physiopathologiques [1]. La description et la comprehension de la douleur en psychiatrie sont des enjeux de sante individuelle et collective, Nous aborderons ces differents aspects au sein de divers troubles psychiatriques. Des la description princeps de la « demence precoce », une insensibilite a la douleur physique a ete decrite, restee ancree dans la representation de la schizophrenie chez les cliniciens. Les donnees d’observation sont plus complexes soulignant d’une part l’existence d’une sensibilite specifique a la douleur chez ces patients, d’autre part une prevalence plus elevee de douleurs chroniques. Differents facteurs de risque (anxiete et depression comorbides, antecedents de traumatismes infantiles) ont ete identifies [2]. Les patients souffrant de schizophrenie ne sont donc pas « insensibles ». Ils justifient reperage et prise en charge specifiques. Le suicide est un probleme de sante majeur. La question du role de la douleur dans la survenue d’idees et de comportements suicidaires a ete soulevee par plusieurs des theories psychologiques : theorie interpersonnelle, cry of pain… Les notes de suicide temoignent souvent de la presence d’une douleur intolerable. Malgre la complexite de sa definition, la douleur psychologique semble centrale dans le processus suicidaire, tout comme les situations d’exclusion sociale, sources de souffrance. Le phenomene douloureux au sens large permet d’ouvrir des voies de comprehension du suicide au niveau biologique. Plusieurs etudes montrent que la douleur chronique chez les patients dependants aux opioides substitues est sous-evaluee et sous-traitee [3]. Or la douleur chronique affecte 37 a 68 % de ces patients [4] versus 31 % en population generale. Certains praticiens limitent leur prescription d’antalgiques opioides chez ces patients en raison d’une crainte de rechute en prescrivant des antalgiques opioides, quand d’autres apprehendent un mesusage de l’antalgique qui pourrait conduire notamment a un risque accru d’overdose. Une prise en charge inadaptee entrainerait plusieurs consequences pejoratives comme l’usage de substances psychoactives, un risque de rupture de suivi et un impact social negatif.
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