Tourbière des Narcettes. Rapport d'analyse 2018.

2019 
Cette etude est le fruit d’une enquete debutee en 2016, fondee sur l’acquisition et l’analyse de carottes prelevees dans la tourbiere des Narcettes, sur le plateau de la commune de Montselgues. Elle s’integre dans les recherches archeologiques menees sur la production argentifere antique et medievale de la vallee du Chassezac. Cette vallee compte en effet plus de 2000 ans d’activites minieres intermittentes, dont les principaux poles se repartissent le long du Chassezac et de la Borne sur plus de 10 km de long. Par une approche interdisciplinaire – archeologie, geochimie, histoire, hydrogeologie, palynologie – l’etude a pour objectif de documenter les dynamiques paleoenvironnementales du bassin du Chassezac, afin de les correler avec celles de sa production argentifere. Contextualisees par une etude hydrogeologique, deux carottes ont ete prelevees en vue d’analyses geochimiques et palynologiques. L’enquete s’est pour le moment focalisee sur la premiere carotte (MS1). La sequence pollinique montre d’une part l’existence de periodes anciennes de tourbification et une dynamique de vegetation proche de celle du Velay, assez originale avec un role non negligeable du pin pendant l’Holocene moyen et le temoignage de la presence de peuplements de sapins au debut de notre ere. L’occupation de la tourbiere, il y a quatre millenaires, par une population dense d’Osmondes fougeres aujourd’hui confinee a quelques stations est une information interessante pour les gestionnaires des zones humides. D’autre part, la sequence inscrit l’anthropisation du plateau a une periode plus tardive que l’on aurait pu attendre, a savoir dans le courant du premier millenaire avant notre ere. De la, l’anthropisation semble etre allee croissante jusqu’a la fin du Moyen Âge, lors duquel on percoit notamment une large expansion du noyer et de l’olivier. Les donnees geochimiques permettent quant a elles d’identifier plusieurs contaminations metalliques. Les resultats geochimiques remarquables concernent (1) les enrichissements metalliques precoces au 4e millenaire avant notre ere dont la signature isotopique pourrait etre liee a l’exploitation de minerais de cuivre de la region de Cabrieres ainsi que (2) l’enrichissement en plomb observe au Haut Moyen Âge depuis des secteurs miniers du Mont Lozere, ou l’activite metallurgique medievale est a ce jour identifiee seulement a partir du XIe siecle. S’agissant en particulier des mines du Colombier, nous n’avons pour le moment percu aucune trace evidente de l’activite des XIe-XIIIe siecles dans les dynamiques paleoecologiques et geochimiques. Il nous faudra toutefois le confirmer par la prochaine confrontation isotopique de ses minerais avec les contaminations de la tourbiere. Les resultats actuels suggerent donc que les phases antique et medievale de la production argentifere aient ete de faible ampleur, ce qui reste coherent avec les donnees archeologiques reunies a ce jour.
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