Développement de l’oncosexualité et de l’oncofertilité en France : pourquoi maintenant ? Aspects culturels et psychosociologiques

2015 
En cas de cancer, les consequences sur la vie intime sont regulierement ignorees ou assimilees a un probleme secondaire. Les malades et leurs partenaires sont demandeurs mais attendent des professionnels de sante (pourtant sensibilises) qu’ils en parlent en premier. Ces decalages sont la consequence d’importantes lacunes de savoirs, mais aussi de tabous et de fausses representations socioculturelles. La realite est qu’on vit de plus en plus longtemps avec un cancer (gueri ou non) et que les malades/couples sont mal prepares a faire face a la perte de leur fertilite et/ou de leur sexualite. Deux ans apres le diagnostic, deux tiers ont encore des sequelles dans leur vie sexuelle et intime. Malgre la forte demande, la reponse reste tres insuffisante, reflet d’une inegalite majeure de soins qui affecte davantage les femmes et les cancers non genitaux. Les demandes societales, les avancees medicales et les plans cancer ont permis de progresser. Corriger les inegalites de sante, preserver la continuite et la qualite de vie, assurer des prises en charge globales et personnalisees, reduire les risques de sequelles sont devenus autant de priorites du troisieme Plan cancer en lien avec la problematique oncosexuelle. Prendre en charge les impacts du cancer et de ses traitements sur la sante sexuelle et la vie intime (oncosexualite) et la fertilite (oncofertilite) fait deja partie du soin oncologique au titre de soins de support: a) informer est un devoir des medecins et un droit des malades, les impacts negatifs « oncosexuels » etant souvent brutaux, prolonges et iatrogenes; b) s’informer sur la sante sexuelle et la vie intime releve de la qualite de vie mais aussi d’obligations deontologiques et medicolegales. En effet, progres recent, l’evaluation oncosexuelle aide a mieux personnaliser la prise en charge: elle facilite le diagnostic situationnel initial (morbimortalite competitive, besoins en education therapeutique, sante globale) susceptible de modifier le choix et la strategie du traitement. Si quasiment tous les traitements, cancers et âges sont potentiellement concernes, la demande oncosexuelle n’est neanmoins ni systematique ni uniforme. L’oncofertilite et l’oncosexualite s’appliquent des la phase d’annonce, les objectifs carcinologiques et de qualite de vie etant souvent conciliables… si connus tot. La morbidite « sexuelle/intime » doit etre ensuite regulierement evaluee tout au long du parcours de soins, puis de l’aprescancer pour faciliter le depistage d’effets indesirables et/ou de complications (sexuels ou non). Son impact, souvent deletere pour le bien-etre du malade (couple), peut l’etre aussi pour le traitement du cancer via divers mecanismes (detresse, depression, mauvaise observance/adhesion, ajustement deficient…). Malheureusement, la mise en place de l’oncofertilite/ sexualite se heurte encore a des difficultes societales (freins socioculturels, ignorances) et medicales (inertie, relation soigne–soignant, deficit de savoirs et d’organisation). Son appropriation collective reste un challenge important puisque son implementation, dans les soins de support et dans les parcours de soins et de vie, est une reponse medicale, humaniste et economique a l’exigence legitime (societale et medicale) des plans cancers de mieux traiter le cancer (prevention secondaire) et la personne malade (prevention tertiaire), tout en respectant ses valeurs et preferences.
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