Caractérisation des principaux biais des associations médicament–nécrolyse épidermique : étude de pharmacovigilance à partir des données de Vigibase

2020 
Introduction La necrolyse epidermique (NE, syndrome de Stevens–Johnson et necrolyse epidermique toxique), est induite par un medicament dans 85 % des cas. Le delai d’apparition le plus classique est de 4 a 28 jours. Les bases de pharmacovigilance (PV) collectent les declarations d’effets indesirables transmises par des medecins ou non-medecins (pharmaciens, avocats, consommateurs) et permettent de generer des signaux concernant des medicaments suspects. Cependant certains biais peuvent influencer l’imputabilite du/des medicament(s) suspect(s). Notre objectif etait d’identifier les classes medicamenteuses les plus sujettes a des biais. Materiel et methodes Nous avons utilise Vigibase, la base de PV mondiale de l’OMS, en incluant les molecules suspectes de NE entre 2016 et 2020, et rapportees au moins 10 fois afin d’eviter les fluctuations d’echantillonnage. Une analyse non supervisee de type classification hierarchique sur composante principale a ete realisee. Afin d’apprecier si un medicament pouvait etre soumis a un biais, nous avons inclus les variables associees a la qualite du rapport notifiant le cas comme le delai d’apparition et le rapporteur (medecin ou non). Resultats Cent cinquante-deux medicaments ont ete inclus. La classification a permis d’identifier 3 classes (CL) : – ‘CL1′ (n = 41) correspondant aux medicaments preferentiellement rapportes par des medecins et associes a un delai d’apparition compatible (4–28 jours), constituee de molecules a forte notoriete comme l’allopurinol et la nevirapine ; – ‘CL2′ (n = 42), correspondant aux medicaments preferentiellement rapportes par des medecins et associes a un delai d’apparition  – enfin ‘CL3′ (n = 69), regroupant des medicaments rapportes par des non-medecins, avec un delai d’apparition frequemment inconnu, correspondant aux anticancereux et antiepileptiques. Discussion Cette etude n’exclut pas la causalite d’un medicament mais renseigne sur les biais qui peuvent impacter l’imputabilite medicamenteuse. Les biais peuvent resulter par exemple de la qualite du rapporteur (ex : avocats ou consommateurs dans certains pays a forte pression juridique) ou du delai d’apparition, trop court ou non renseigne. La CL2 semble etre soumise au biais protopathique (medicament considere a tort comme suspect alors qu’il est donne pour les premiers signes de la maladie) compte tenu d’un delai d’apparition trop court. La CL3 semble etre soumise a un biais d’information (exposition medicamenteuse ou diagnostic incertains), qui impacte la qualite des notifications. Ainsi, lors de l’analyse d’une association entre un medicament et une NE, ces biais doivent etre consideres avant de conclure a un lien de causalite, pour ainsi mieux guider les contre-indications medicamenteuses.
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