La sémiotique face aux grands défis sociétaux du XXI e siècle1

2015 
Preambule Une fois n’est pas coutume : avant de passer a la troisieme personne, dont l’usage est attendu de tout semioticien « qui se respecte », je m’autorise un bref preambule a la premiere personne. Les propositions qui suivent pourront paraitre en effet surprenantes sous la plume d’un semioticien, moimeme en l’occurrence, qui a pu donner l’impression de rester plonge (confortablement) pendant plus de deux decennies dans les profondeurs des affects et des passions, et dans les arcanes formelles de la tensivite. Ce moi-meme en cacherait-il un autre, un soi-meme qui se serait peu a peu affirme et qui ferait aujourd’hui surface a la surprise generale (y compris de « moi-meme » !) ? Pendant toutes ces annees, ou je m’occupais (moi-meme) de passions, de tensivite et d’elaborations theoriques diverses et obstinees, j’exercais parallelement d’autres metiers que celui de semioticien, ou plutot d’autres fonctions ou le semioticien etait appele a mettre en œuvre sa semiotique autrement : dans la gestion des affaires publiques universitaires, dans la negociation avec des professionnels de la politique, et pour finir, dans l’echange intense avec les eminents representants de ce qu’il est convenu d’appeler les « grands corps de l’Etat ». C’est ainsi que se constituait un « soi » dans l’engagement meme du « moi ». Ce parcours (toutes fonctions confondues, il a dure presque vingt ans) est maintenant acheve, et je m’efforce d’en tirer quelques consequences pour ce a quoi je n’ai jamais renonce, pour ce qui m’a toujours anime : le souci de l’avenir de la semiotique comme projet scientifique. Tout au long de ce parcours, en meme temps que je m’efforcais de participer aux avancees de la semiotique en tant que programme de recherche, j’ai assiste – et participe – a l’evolution des « manieres » de faire de la recherche. Qu’on en pense du bien ou du mal, les conditions d’exercice de la recherche, et meme les conditions d’existence des disciplines de recherche, se sont profondement transformees en quelques decennies. Au milieu du XXe siecle, le grand partage entre les sciences (les sciences de la nature et les humanites) pouvait etre percu comme clair et durable, et semblait meme proteger les secondes de ce qu’on appelait alors « la demande sociale ». En France, la domination sans partage du structuralisme, au moment meme ou les sciences sociales se mettaient en place et se developpaient, a d’une certaine
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