Jean Lhermitte, des hallucinations au rêve

2020 
Jean Lhermitte (1877–1959) est nomme interne en 1900. Apres son clinicat aupres de Fulgence Raymond, il travaille au laboratoire de neuropathologie de la Salpetriere, qu’il finit par diriger. Au cours de la premiere Guerre mondiale, il rencontre le psychiatre Henri-Claude. Il est ensuite chef de service a l’hopital Paul-Brousse (Villejuif) puis agrege de la chaire de Clinique des maladies mentales. Sa carriere atypique est jalonnee de contributions importantes en neuropathologie, neurologie et psychiatrie. Pionnier de la neurologie comportementale, il postule que les “desordres de la sphere psychique [sont dus a] une modification fonctionnelle ou lesionnelle du systeme nerveux” (1923). Son approche est particulierement innovante dans le domaine du sommeil, du reve, des hallucinations et de leurs relations. Des 1910, Lhermitte s’interesse au sommeil et a ses troubles, en particulier la narcolepsie. Il observe des acces de sommeil et des hallucinations chez un sujet ayant une lesion tumorale de la region diencephalique (1917) et plus tard chez des patients atteints d’encephalite epidemique. En 1922, il decrit un syndrome associant hallucinations complexes a predominance visuelle et troubles du sommeil, au decours de lesions vasculaires du mesencephale. Ludo von Bogaert (1924) donne a ce syndrome le nom d’hallucinose pedonculaire (HP). Lhermitte et ses collaborateurs en publieront par la suite une dizaine de cas, synthetises dans plusieurs revues et dans un livre majeur de Lhermitte consacre aux hallucinations (1951). Il donne une description phenomenologique precise de l’HP, et avance des le debut l’hypothese novatrice que la lesion perturbe les connexions d’un centre “meso-diencephalique” regulant l’eveil et le sommeil, permettant une dissociation des phenomenes “positif” (le reve) et “negatif” (la suspension de la conscience) du sommeil. Bien que la physiopathologie de l’HP soit encore obscure, le modele d’une lesion sous-corticale limitee agissant par des mecanismes complexes et impliquant in fine le cortex reste valide. Lhermitte est aussi un precurseur dans la caracterisation de ce que l’on appelle aujourd’hui la “dissociation d’etats” (intrusion dans un etat de veille ou de sommeil d’elements appartenant a une autre etat), dont il fournit plusieurs exemples dans ses nombreuses publications.
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