Le cimetière intercommunal de la Fontaine Saint-Martin à Valenton, une réalisation oubliée de Robert Auzelle

2017 
L’architecte francais Robert Auzelle (1913-1983) est reconnu pour son travail d’urbaniste notamment mis en œuvre a partir des annees 1950 dans le quartier de la Plaine a Clamart (Hauts-de-Seine). Il est egalement repute comme specialiste de l’architecture funeraire grâce a ses ecrits et a la realisation, a partir de 1946, du premier veritable cimetiere paysager francais du XXe siecle, toujours a Clamart. En revanche, ses autres necropoles, telle celle de Valenton (Val-de-Marne) demeurent tres peu connues. Dans cette ville du sud-est parisien, Auzelle deploie toutes ses idees pour reinventer le cimetiere francais, cimetiere dans lequel il voudrait faire regner un esprit des lieux retrouve, une harmonie propice au recueillement et a une forme de sacralite restauree ; ce « cimetiere paysager » proposerait la synthese entre le « cimetiere parc » americain, celui « forestier », de tradition germanique, et le « cimetiere architectural » mediterraneen. L’architecte tente en outre d’y developper une approche renouvelee des sepultures elles-memes. Le projet, realise au debut des annees 1970, se conforme dans l’ensemble a ses dessins. Les interventions artistiques y occupent une place importante, Auzelle integrant des sculptures monumentales commandees a des plasticiens qu’il choisit soigneusement – Pierre Szekely (1923-2001) pour « Les ages de la vie » a l’entree du cimetiere et Pierre Sabatier (1925-2003) pour les paravents « l’arbre de vie » et « le cosmos » dans l’aire de ceremonie. Cependant, il echoue ici en grande partie dans sa volonte de renouveler l’art funeraire, ne reussissant pas a multiplier les tombes superposees en enfeus et a imposer – aux familles comme aux marbriers – ses dessins pour l’ensemble des sepultures. Aujourd’hui, le cimetiere s’etend sur 32 hectares et dispose d’un crematorium (cree en 1986 dans l’etage semi-enterre du funerarium), d’espaces traditionnels d’inhumation (dont un israelite et un musulman), d’espaces paysagers d’inhumation, d’un ossuaire, d’un columbarium, d’enfeus et d’un site cineraire (avec une rocaille de dispersion, des emplacements pour des cavurnes ou cavotins et un jardin des innocents). Malgre quelques modifications par rapport a son etat d’origine, il demeure une œuvre d’Auzelle tres preservee. Si certains carres peuvent ressembler a un cimetiere ordinaire, il suffit de s’en eloigner et de se diriger vers les espaces paysagers ou le columbarium pour mesurer tout l’interet du projet. Quarante ans apres leur plantation, les parties boisees, bien entretenues, ont atteint leur maturite. Les bâtiments de service, ceux de la conservation et des commerces, l’aire de ceremonie n’ont subi aucune intervention irreversible. Ainsi, le cimetiere intercommunal de Valenton n’attend plus qu’une meilleure reconnaissance, qui pourrait passer par une labellisation Patrimoine du XXe siecle, par exemple. Les vertus pedagogiques de cette distinction faciliteraient sans doute la comprehension des intentions d’Auzelle et aideraient a la gestion et a l’entretien de la necropole. L’effet de depouillement propice au recueillement que l’architecte rechercha est aujourd’hui effectivement critique par certains usagers, aspirant a des espaces moins severes.
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