Drives alimentaires : suivi à deux ans et conséquences sur la santé des préparateurs de commandes

La progression rapide du nombre de Drives alimentaires entre 2010 et 2013 interrogeait sur la possibilite de travailler dans la duree avec des conditions de travail contraignantes. Pour repondre a ce questionnement les preparateurs de commandes de la region Grand-Est sont interroges a deux ans d’intervalle (T1 = 2015/2016 et T2 = 2017/2018) par auto-questionnaire (douleurs evoquees, contraintes physiques et psycho-organisationnelles). Des scores sont construits pour mesurer les contraintes physiques et psycho-organisationnelles. En 2015, les resultats ont montre une population caracterisee par sa jeunesse, sa faible anciennete et majoritairement diplomee BAC et plus. Les plaintes exprimees etaient importantes et affectaient plus specifiquement la region lombaire, l’articulation de l’epaule et les membres inferieurs. Au-dela des facteurs biomecaniques, l’importance des facteurs psycho-organisationnels etait evoquee. En 2017, seule la moitie des salaries interroges lors de la premiere phase est encore presente. L’analyse des salaries perdus de vue montre qu’il s’agit principalement de depart pour fin de contrat. Les conditions de travail et leur vecu ne semblent pas etre a l’origine des departs. Les comparaisons de tous les salaries presents en T1 (n = 279) et en T2 (n = 446) montrent que : – les caracteristiques des preparateurs sont semblables, a l’exception du niveau de diplome, en T2 une majorite de salaries a un BAC/BAC Professionnel ; – les scores de contraintes sont identiques et la contrainte physique reste a un niveau tres eleve (T1 : 74,7/100 T2 : 75,9/100) ; – le nombre de problemes articulaires declare reste stable : en moyenne 2,7 articulations douloureuses en T1 vs 2,9 en T2. L’analyse des 105 salaries presents aux deux temps de l’etude (apparies) nuancent ces resultats : – leurs caracteristiques different de celles des nouveaux repondants (plus âges, moins diplomes, plus de CDI, femmes) ; – leurs scores de contraintes physiques sont plus eleves en T2 qu’en T1 et la frequence de la penibilite ressentie est plus importante significativement pour les contraintes biomecaniques ; – leurs scores de contraintes psycho-organisationnelles sont egalement plus eleves en T2 qu’en T1, avec en particulier une degradation du sens du travail ; – le nombre de problemes articulaires quant a lui evolue significativement : en moyenne 3,0 articulations douloureuses en T1 vs 3,7 en T2. Cette etude montre l’absence d’amelioration des conditions de travail dans les drives qui restent extremement exigeantes. Elles semblent se traduire par une apparition precoce des problemes osteo-articulaires dans une population pourtant jeune.