Construire sur solins dans les campagnes de la région Centre – Val de Loire au premier Moyen Âge

2018 
Les constructions sur solins dans les campagnes au premier Moyen Âge (VI e-XI e s.) n'ont jusqu'a present jamais fait l'objet d'un inventaire ou d'une etude speciique en region Centre-Val de Loire. Ces decouvertes, rares, se multiplient parallelement avec le fort developpement de l'archeologie preventive. Sur environ 550 operations portant sur pres de 300 sites ruraux medievaux, essentiellement du premier Moyen Âge, l'inventaire entrepris recense actuellement 30 bâtiments sur solins sur 13 sites distincts. Ce corpus permet deja d'esquisser certaines tendances qu'il faudra connrmer. Leur inegale repartition geographique ne reeete pas celle des interventions archeologiques 1. Le Sud Touraine et la proche campagne de Bourges concentrent plus des 3/4 des occurrences dont 21 sur 4 sites. Elles restent exceptionnelles ailleurs, notamment dans une large moitie nord. Un deecit d'interventions portant sur certains territoires ou periodes peut expliquer des vides apparents. La facilite d'acces aux ressources en pierre (recuperation ou extraction si l'environnement geologique le permet) est aussi a prendre en compte. La question principale reste probablement celle de problemes de conservation ou de pratiques architecturales locales. La conservation des solins, souvent mediocre, apparait toujours multifactorielle. L'excavation des bâtiments, meme legere, ou le piegeage par tassement dans une fosse anterieure sous-jacente, joue un role protecteur evident. Dans la moitie des cas, le depot de colluvions, voire plus rarement l'installation de pierriers posterieurs, favorise leur conservation. L'usage posterieur des terrains, en particulier des pratiques agricoles peu invasives (pâture etc.) est aussi determinant 2. De maniere generale, les lots mobiliers des niveaux contemporains (construction ou occupation) restent peu consequents. La stratigraphie, quelques analyses radiocarbones et le contexte environnant permettent parfois d'aaner les chronologies. Ainsi, la moyenne des intervalles de datation atteint pres d'un siecle et demi environ. A l'echelle regionale, ces intervalles se repartisent de maniere homogene sur toute la periode consideree, sans aucune anomalie visible 3. Par contre, localement, des particularismes micro-regionaux semblent emerger, possibles epiphenomenes d'un corpus restreint. Les trois groupes chronologiques reperes (avant, autour et apres 800) ont des distributions spatiales distinctes 4 : _ en peripherie de Bourges, les constructions sont toutes anterieures au milieu du IX e s. ; _ en Touraine du sud, elles sont attestees pendant toute la periode mais elles ne deviennent frequentes qu'a partir du VIII e s., voire apres ; _ dans une large moitie nord de la region, les rares exemplaires decouverts apparaissent a partir de la seconde moitie du VIII e s., voire plutot le IX e s. Les raisons de ces singularites locales restent a preciser. Pour les plus anciennes constructions, la perennite de mode architectural more romano est envisageable, d'autant plus que les exemples de la proche campagne de Bourges succedent souvent plus ou moins directement a une villa antique. Les questions sociales et fonctionnelles sont les plus delicates a aborder, faute d'indice evident. A l'echelle de chaque site, seul l'assemblage des diierents mobiliers et l'insertion de la construction dans son proche environnement apportent quelques elements de discussion. Cette problematique devra donc etre approfondie par une analyse plus poussee des assemblages mobiliers et des niveaux de sols, a l'echelle des structures, du site et par une comparaison regionale. En l'etat, aucune diierence ou evolution notable des modes de construction ou des formes architecturales n'est perceptible entre les groupes micro-regionaux et chronologiques. Une plate forme excavee prealable (30 cm de moyenne) est attestee dans la moitie des cas, les solins etant disposes contre les bords internes. Pour une dizaine d'autres cas, seul l'espace interne est legerement excave, suggerant eventuellement un modeste decaissement prealable. Les derniers, les plus mal conserves, sont souvent poses dans de legeres tranchees de fondation, voire a meme le sol. Seules deux terrasses preparatoires par remblaiement sont supposees. Un tiers des exemples se limite a une ou deux portions de solin et oore des plans trop lacunaires. Les autres sont a peu pres restituables ou complets. Les formes sont tres majoritairement rectangulaires (rapport L./l. compris entre 1,1 et 2,8) ou legerement trapezoidales. Quatre constructions a abside (au moins sur un cote) sont attestees 5. Les autres disposent de pignons plats. Les constructions les mieux conservees ont des dimensions tres variables (L. : entre 4,1 et 24,5 m, 11,2 m de moyenne, l. : entre 3,2 et 10,2 m, 6,5 m de moyenne et surface interne : entre 10 et 200 m 2 , 68 m 2 de moyenne). Les ouvertures sont rarement identiiees. Les modes de construction des solins (dimensions, materiaux, liants, appareils etc.) varient mais des constantes se dessinent sur certains sites ou territoires. Des eeondrements permettent de restituer des solins s'elevant jusqu'a 60-80 cm. La partie haute des elevations nous echappe assez largement. A l'exception d'un unique cas, tardif, avec de tres rares tuiles, l'emploi de vegetaux pour la couverture est suppose. Ces constructions beneecient d'amenagements internes : quelques foyers sont preserves et des murs de refend ou des alignements de trous de poteau materialisent des partitions. La stratigraphie interne conservee se limite souvent a des radiers de sol 6 et plus rarement a des niveaux d'occupation ou des eeondrements ou remblais posterieurs. 0 25 50 km
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