Institutionnaliser les formes émergentes des collectifs pour apprendre : principes d’une ingénierie autotélique massivement multi-apprenants

2019 
La generalisation de l’usage des technologies connectees en reseau ouvre sur un foisonnement d’initiatives et de pratiques sociales permettant de diversifier les possibilites d’apprendre avec les autres. Cependant, partant du constat que la recherche en SHS/SE s’interesse le plus souvent, soit aux outils techniques et a la conception des ressources, soit aux usages et aux processus d’apprentissage des sujets (Albero, 2003, 2010a/b/c ; Lameul, 2016), il semble plus que jamais opportun, a la suite des travaux de M. Linard (1989, 1994, 2001), d’envisager une approche de la technique centree sur l’activite humaine. Plus particulierement, il s’agit de questionner les conditions par lesquelles ces outils peuvent devenir les instruments favorables d’emergence d’activites collectives (Albero, Guerin, 2014) permettant le renforcement de la persistance a vouloir comprendre, seul, mais jamais sans les autres (carre, 2005, Heutte, 2014, 2017b). Ainsi dans la perspective ecologique (Simonian, 2015), notamment dans la prise en compte de la construction d’affordances socioculturelles (ibid.), on peut se demander si les communautes peuvent etre potentiellement percue comme des ecosystemes favorables au deploiement de l’apprenance (Carre, 2005), comme un ensemble de compossibles (Simondon,1956 ; Simonian, 2014), porteuses d’autoproduction cognitive socialement co-construite dans un processus qui « depend par definition, et des dispositions personnelles internes des acteurs et des conditions externes, physiques, sociales, interpersonnelles de l’environnement » (Albero, Linard, Robin, 2009, cites par Lameul, 2016, p. 29). De ce fait, les theories qui s’accordent pour faire de l'action et de l'interaction entre sujets, objets et environnement les deux moteurs essentiels des processus psychiques de l’activite cognitive (Linard, 2001) constituent un cadre organisateur robuste (ibid.), y compris pour l’etude des formes contemporaines des collectifs pour apprendre. Apres un focus sur les types de communautes favorisant l’emergence, la croissance et/ou le maintien d’un ensemble stable de dispositions favorables a l’acte d’apprendre, une deuxieme partie de ce chapitre sera l’occasion de presenter de quelques exemples emblematiques de collectifs pour apprendre en contexte de e-learning informel au sens de Las Vergnas (2017). Poursuivant la reflexion initiee par Linard, en 2003, concernant les enjeux et paradoxes de l’autonomie, la derniere partie de ce chapitre ouvrira la reflexion sur les elements constitutifs d’une ingenierie autotelique (Heutte, 2017c), c’est a dire une ingenierie dont le fonctionnement est pour ainsi dire principalement « alimente » par l’energie resultant de l’autotelisme-Flow (Csikszentmihalyi, 1975, 2014) des apprenants.
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