« Les esprits » : une mode anthologique au siècle des Lumières

2014 
Au XVIIIe siecle une mode anthologique se developpa pour conserver et faire lire plus aisement les oeuvres des auteurs qu’on jugeait parfois difficiles d’acces soit en raison de la longueur, soit en raison de la forme, soit encore des idees. Les « esprits » d’auteur doivent fournir une synthese « portative » de grands auteurs du passe, comme Montaigne, ou du present, comme Fontenelle, Marivaux, Rousseau, mais aussi des femmes celebres, des periodiques ou de l’Encyclopedie. La contribution de Francoise Gevrey etudie comment, pour conserver et transmettre, on choisit, on elimine et on trahit parfois la pensee ou l’esthetique des auteurs qu’on veut pourtant mettre en valeur. Morts ou vivants, ceux-ci doivent etre rendus accessibles a un public au gout delicat qui apprecie la quintessence des oeuvres grâce aux extraits decontextualises, comme il apprecie les ana qui rapportent les bons mots des gens celebres. Sans doute ces « esprits » sont-ils souvent determines par des imperatifs commerciaux, ce qui les conduit a suivre une methode bien rodee, avec leurs avertissements et les eloges qu’ils placent en tete des volumes. Certains procedent par classement alphabetique, comme les dictionnaires, l’essentiel etant de garder de la variete pour plaire aux honnetes gens. S’ajoutent a ces objectifs ceux de la pedagogie, les extraits pouvant soutenir la memoire. Le double objectif du plaisir et de l’instruction conduit a lisser ou a schematiser, voire a denaturer les idees des auteurs ainsi mis en « esprit », quels que soient les liens des anthologistes avec la pensee des Lumieres.
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