Activité physique et prévention des chutes, entre médicalisation et capacitation

La chute est devenue un objet de prevention specifique dans les politiques de sante dans les annees 1990, a la lumiere, notamment, de l’accroissement des connaissances biomedicales sur le sujet. Nous montrons que la chute a, parallelement a sa constitution comme objet de prevention, fait l’objet d’un processus de medicalisation. Celui-ci est visible aussi dans les processus de creation, de prescription et de controle des programmes d’activites physiques concus pour limiter les risques encourus par les personnes âgees. Ce processus a ete accompagne d’une tendance a la rationalisation economique, aux effets a certains egards deleteres sur l’efficacite de la prevention. On peut enfin mettre en lumiere, conjointement a cette medicalisation, une volonte de capacitation des personnes âgees dans la gestion de leur equilibre, pour prevenir les chutes et retarder la perte d’autonomie. Cette volonte se traduit par une incitation a l’autonomie, qui fait peser sur les personnes la responsabilite de leur etat de sante, et tend a occulter les differences interindividuelles et sociales. L’article s’appuie sur l’analyse de deux corpus de textes : le premier rassemble divers plans et rapports produits par des institutions nationales et internationales portant sur la prevention du vieillissement ; le second est constitue de references scientifiques. L’analyse de corpus est completee par des entretiens menes avec des acteurs institutionnels impliques dans les institutions participant a la prevention des chutes.