Maladies inflammatoires systémiques en réanimation : étude rétrospective sur 98 patients

2016 
Introduction Les maladies inflammatoires systemiques peuvent entrainer des defaillances d’organes secondaires soit a une poussee de la maladie soit a des complications des traitements, ainsi elles peuvent necessiter un sejour en reanimation. Peu d’etudes ont ete consacrees a ce sujet. L’arsenal therapeutique s’est elargi depuis les annees 2000, nous disposons maintenant de traitements plus immunosuppresseurs. Nous proposons de decrire les types de maladies inflammatoires systemiques en reanimation, d’identifier les raisons d’admission, les traitements recus, l’evolution et la mortalite. Patients et methodes Etude observationnelle retrospective a partir du tableau de bord d’un service de 10 lits de reanimation medicale d’un CHU de juin 2004 a juin 2015. Les criteres d’inclusion etaient les suivants : patients majeurs, hospitalises dans le service de reanimation, maladies inflammatoires systemiques selon les criteres de classification en cours ; et les criteres d’exclusion : patients avec greffe d’organe solide ou transplantes de mœlle, manque de donnees, criteres diagnostiques incomplets. Une analyse groupee des donnees a ete realisee pour des sejours multiples en reanimation au cours d’une meme hospitalisation. Les donnees demographiques et cliniques ont ete extraites du dossier medical informatise. Resultats Sur 6053 sejours en reanimation, 98 patients correspondaient aux criteres d’inclusions avec 108 sejours (2 %). La population etait a predominance feminine 58 % ( n  = 63) et avait un âge moyen de 55 ± 19 ans [extremes : 19–82]. Les pathologies les plus representees etaient le lupus erythemateux systemique pour 25 % (27 sejours chez 21 patients), les vascularites a ANCA pour 15 % (16 sejours chez 15 patients), le syndrome des antiphospholipides pour 12 % (13 sejours chez 11 patients), puis venaient les myosites inflammatoires pour 11 %, les polyarthrites rhumatoides pour 10 %, les cryoglobulinemies mixtes pour 6 %, les sclerodermies pour 5 %, le syndrome de Gougerot-Sjogren pour 5 %, la maladie de Behcet pour 3 %, les periarterites noueuses pour 3 %, les purpuras vasculaires pour 2 %, la maladie de Goodpasture pour 1 %, la maladie de Horton pour 1 %, et la maladie de Still de l’adulte pour 1 %. La duree d’evolution de la maladie etait en moyenne de 55 ± 93 mois [extremes : 0 a 554 mois]. Les 3 causes principales d’admission etaient : une poussee de la maladie (43 %), une infection (43 %) ou les deux associees (15 %). Dans 26 % des cas, la maladie inflammatoire systemique etait decouverte en reanimation. Les defaillances d’organes responsables d’une admission etaient respiratoires dans 72 % des cas, hemodynamiques dans 56 % des cas, renales dans 30 % des cas et neurologiques dans 24 % des cas. Le score IGS2 a l’admission etait a 41,6 ± 18,6 points et le LOD a 6,1 ± 3,6 points. Le taux de mortalite etait respectivement de 29 % ( n  = 31) en reanimation et de 32 % ( n  = 35) a J28. Discussion Notre etude porte sur un nombre important de patients. Il est cependant difficile de degager des idees claires en raison du caractere tres heterogene des pathologies. Notre etude montre que les maladies inflammatoires systemiques peuvent conduire les patients en reanimation. Elles representent 2 % de la population d’un service de reanimation medicale. La mortalite est alors tres elevee. La population de notre etude est comparable a celle retrouvee dans d’autres etudes en termes d’âge et de sexe ratio. Les syndromes des antiphospholipides sont plus nombreux avec comme presentation principale un CAPS ; 1 patiente recidive 3 fois a distance ce qui augmente leur nombre total de CAPS. Les polyarthrites rhumatoides sont au contraire, moins nombreuses car plus de la moitie des patients ont du etre exclus en raison de manque de donnees. Comme dans l’etude de Quintero et al., la detresse respiratoire, quelle qu’en soit l’origine, est le motif d’hospitalisation le plus courant [1] . Schematiquement la moitie des patients vient pour une poussee de leur maladie et l’autre moitie pour une infection. Le nombre important d’infections chez ces patients immunodeprimes souligne l’importance de la prophylaxie antibiotique et des vaccinations. Conclusions Les maladies inflammatoires systemiques sont un challenge en reanimation car rares et graves. Les 2 motifs principaux d’hospitalisation sont une poussee de la maladie et une infection. Une collaboration etroite entre reanimateur et interniste est indispensable pour permettre un diagnostic precoce et une prise en charge la plus adaptee.
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