Traitement de lésions papillomateuses multiples par injection intralésionnelle de Cidofovir chez un patient atteint du SIDA

2011 
Le cidofovir (Vistide) ou (S)-1-[3-hydroxy (phosphonylmethoxypropyl)-cytosine] appartient a la famille des analogues nucleosidiques. Bien qu’initialement developpes a des fins antitumorales, les analogues nucleosidiques possedent une activite antivirale decouverte des la fin des annees 70 (Descamps 1978). Le representant le plus connu, l'aciclovir, est largement utilise dans le traitement des infections herpetiques. Le cidofovir, analogue de la desoxycitidine monophosphate, possede une activite antivirale sur un large spectre de virus : herpes virus, polyomavirus, papillomavirus, adenovirus, poxvirus, cytomegalovirus (De Clercq et al. 1986). Il a obtenu une AMM en France pour sa forme injectable dans le traitement de la retinite a cytomegalovirus chez le patient seropositif pour le VIH. Il a par ailleurs ete utilise avec succes en applications topiques dans les infections ano-genitales a HPV (Tyring 1997), ainsi qu'en injections intralesionnelles dans le traitement de la papillomatose laryngee recurrente (Donne 2008) et des papillomatoses nasales (Shemeno). Le cas presente concerne un patient suivi a la fin de l'annee 2006 dans le Service d'Odontologie du CHU de Bordeaux pour le traitement de papillomes buccaux multiples evoluant depuis plusieurs mois. Le patient, âge de 33 ans, presentait un SIDA declare et etait hospitalise dans le Service de Medecine interne pour la prise en charge d’une mycobacteriose digestive atypique. La charge virale etait de 40 000 copies.mL et le taux de CD4 de 61.mm. L’examen endobuccal revelait des lesions papillomateuses multiples, interessant la muqueuse palatine, les joues et les levres, entrainant une gene fonctionnelle. Devant l’aspect particulierement vegetant des lesions sur un terrain immunodeprime, une biopsie a ete realisee afin d’eliminer une degenerescence eventuelle. L’examen anatomopathologique a revele une papillomatose avec une keratose de surface mais sans dysplasie. Initialement, un traitement topique par imiquimod (Aldara) et tretinoine (Effederm) avait ete instaure, mais il n’avait apporte aucune amelioration clinique apres 2 mois d’utilisation. Une injection intra-lesionnelle de cidofovir (5mL a la concentration de 2,5mg.mL) fut pratiquee en traitement d’attaque avec l’idee d’un relais par application topique de cidofovir en fonction du benefice clinique et des effets secondaires. Lors des consultations de controle realisees une et deux semaines apres l’injection, on observait une nette diminution des lesions labiales et palatines dans les zones injectees. Aucun effet secondaire local ou a distance n’a ete mis en evidence. La poursuite du traitement par application locale de cidifovir n’a pas pu etre realisee en raison du deces du patient consecutif a l’aggravation de son infection digestive. En conclusion, l’injection intralesionelle de cidofovir pourrait constituer un traitement de choix pour les lesions papillomateuses multiples chez le patient immunodeprime. La voie locale se justifie par la possibilite d'obtenir in situ sur des lesions facilement accessibles, une importante concentration de principe actif, tout en limitant la nephrotoxicite du cidofovir (Chhetri 2002).Cependant, en raison de son cout important, l’usage du cidofovir dans cette indication doit etre limite aux lesions invalidantes multiples et resistantes aux traitements classiques. 54eme Congres de la SFMBCB, 03001 (2011) DOI: 10.1051/sfmbcb/20115403001 © Owned by the authors, published by EDP Sciences, 2011
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