Auto-anticorps dans la sclérodermie systémique : méta-analyse de la prévalence de 9 auto-anticorps spécifiques dans différentes régions du monde

2020 
Introduction La sclerodermie systemique (ScS) est une connectivite rare mais observee sur tous les continents, et marquee par une importante heterogeneite clinique, immunologique et pronostique. Si ces mecanismes a l’origine de cette pathologie restent mal compris et sans doute variables selon les patients, la majorite des patients developpent precocement des auto-anticorps diriges contre des antigenes nucleaires. Ces anticorps sont generalement mutuellement exclusifs. Leur role pathogene direct in vitro n’est pas demontre mais des travaux soulignent des associations entre type d’auto-anticorps, phenotype clinique et pronostic. L’interet croissant de la determination du profil des auto-anticorps en pratique clinique a favorise le developpement de tests diagnostiques pour une dizaine d’auto-anticorps en routine au cours des dernieres annees. La prevalence des auto-anticorps recemment identifies et leur lien avec l’expression clinique et le pronostic sont peu connus. L’objectif de ce travail est d’etudier la prevalence de neuf anticorps dans un echantillon de la population francaise de patients ScS et dans differentes populations ScS reparties dans le monde, en stratifiant par continent et par pays. Patients et methodes La prevalence de neuf auto-anticorps associes a la ScS (anti-Scl70, anti-centromeres, anti-ARN polymerase III, anti-U1RNP, anti-U3RNP, anti-Pm/Scl, anti-Ku, anti-Th/To et anti-NOR90) a ete evaluee dans une cohorte francaise multicentrique de patients ScS selon les criteres ACR/EULAR ainsi que dans differentes cohortes de patients dans le monde identifiees par revue de la litterature realisee sur PubMed et EMBase. Une meta-analyse a ete realisee en utilisant les donnees disponibles en stratifiant par pays et par continent. Resultats Mille six cent cinq patients francais avec une ScS ont ete inclus ; 49,1 % avaient des anticorps anti-centromere, 22,7 % des anti-Scl70, 6,1 % des anti-ARN polymerase III, 4,1 % des anti-U1RNP, 2,6 % des anti-U3RNP, 3,4 % des anti-Pm/Scl, 0,8 % des anti-Ku, 0,9 % des anti-Th/To et 0,4 % pour les anti-NOR90. Entre 14 et 85 etudes ont ete inclues dans la meta-analyse selon le type d’anticorps, rassemblant entre 3901 et 39953 patients avec une ScS. La prevalence globale mondiale des anti-centromere etait de 27 % (intervalle de confiance (IC) 95 % 25–30), celle des anti-Scl70 de 25 % (IC 95 % 23–27), celle des anti-ARN polymerase III de 9 % (IC 95 % 8–11), celle des anti-U1RNP de 8 % (IC 95 % 6–11), celle des anti-U3RNP de 3 % (IC 95 % 2–4), celle des anti-Pm/Scl de 5 % (IC 95 % 4–6), celle des anti-Ku de 2 % (IC 95 % 2–4), celle des anti-Th/To de 2 % (IC 95 % 2–3) et celle des anti-NOR90 de 2 % (IC 95 % 1–3). Une forte heterogeneite concernant la prevalence de chaque anticorps existait entre les cohortes decrites dans les etudes avec un I2 allant de 75 % a 95 % selon les anticorps. Conclusion Ce travail original sur la prevalence des auto-anticorps associes a la ScS et incluant pour la premiere fois un large panel d’anticorps confirme au niveau mondial l’importante heterogeneite immunologique observee au sein des patients atteints de ScS. Ces differences de prevalence d’anticorps d’un continent a l’autre pourraient expliquer les differences phenotypiques entre chaque population de par les fortes relations existantes entre anticorps et complications dans cette maladie.
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