Lésions auto-provoquées dans un contexte d’hidradénite suppurée : un cas de pathomimicrie

2019 
Resume Introduction Les troubles factices constituent un domaine complexe de la pathologie. Si le diagnostic est souvent evoque, il est difficile a poser et la therapeutique est delicate. La pathomimie cutanee est une expression somatique cutanee d’un desordre psychiatrique souvent grave, provoquee dans un etat de conscience claire par le malade lui-meme sur son revetement cutaneomuqueux mais dont la motivation est inconsciente, sans recherche de benefices secondaires ; elle se distingue donc de la simulation. Les pathomimicries representent une entite particuliere proche de la pathomimie : il s’agit de l’induction de poussees d’une maladie connue declenchees par l’exposition volontaire a l’agent responsable. Nous rapportons un cas de pathomimicrie dans un contexte d’hidradenite suppuree. Observation Une adolescente ayant pour antecedents principaux une obesite de grade 2 et un episode d’abces pubien etait vue en consultation pour des lesions axillaires. Elle arrivait dans un etat d’incurie, mefiante, agressive et refusait de se deshabiller. Apres mise en confiance, l’examen clinique montrait de larges ulcerations a distance des plis sur les zones axillaires, a contours geographiques et a fond propre et bourgeonnant, associees a des lesions typiques d’hidradenite suppuree de grade 2 (Hurley), avec des pertuis purulents et des cicatrices en corde des plis inguinaux. Une hospitalisation etait proposee et l’evolution etait favorable sous antibiotherapie par doxycycline et soins locaux par pansements alginates et hydrocellulaires. L’avis psychiatrique concluait a une faille narcissique ancienne a type de dysmorphophobie probablement reactionnelle a un harcelement scolaire recurrent depuis l’enfance. Sous couvert d’une relation de confiance difficilement etablie, la patiente reconnaissait la manipulation de ses lesions. Devant les donnees anamnestiques, cliniques, la negativite du bilan paraclinique, le diagnostic de pathomimicrie etait retenu. Discussion Plusieurs cas de pathomimicrie de dermatoses (auto-entretien d’un ulcere de cause connue, contact avec un allergene identifie dans l’eczema ou reprise d’un medicament incrimine dans une toxidermie) ou de maladies systemiques (injections d’insuline chez un patient diabetique) ont ete rapportes. Ce cas est le premier decrit, a notre connaissance, de pathomimicrie dans le cadre d’une hidradenite suppuree. Sur le plan therapeutique, le suivi doit etre multidisciplinaire. Il faut eviter l’affrontement avec le patient et ne pas forcer son aveu, ce qui risquerait d’induire une decompensation psychiatrique grave. Une attitude rassurante permet le recours au psychiatre une fois la confiance durablement etablie. Le dermatologue a donc une place primordiale dans la prise en charge de ces patients.
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