Prise en compte des multiples quartiers d’activité dans l’étude des inégalités socio-territoriales de santé dans le Grand Paris : l’exemple du recours au frottis cervico-utérin

2019 
Introduction La prise en compte des multiples espaces frequentes par les individus dans la caracterisation des inegalites socio-territoriales de sante suscite un interet croissant en epidemiologie sociale et en geographie de la sante. Restreindre l’analyse au seul quartier de residence revient a ignorer la mobilite quotidienne des populations, elle-meme socialement diversifiee. L’objectif de cette etude est d’etudier les relations entre le profil socioeconomique et l’offre de soins des differents quartiers frequentes et le recours a un soin de prevention : le frottis cervico-uterin (FCU). Methodes Les analyses reposent sur les donnees de la cohorte SIRS de 2010. Trois quartiers y sont geolocalises : le quartier de residence et, le cas echant, le quartier de travail/etudes et un autre quartier le plus frequemment frequente. Des scores de diversite socioeconomique et medicale des quartiers frequentes ont ete construits pour chaque individu et leurs associations avec le recours au FCU ont ete estimees. Des modeles de regression logistique multiniveau croises ont ete utilises chez les femmes rapportant les trois types de quartier etudies (« actives et mobiles »). Toutes les analyses ont ete systematiquement ajustees sur cinq caracteristiques individuelles : âge, niveau d’education, couverture maladie, vie en couple et mobilite quotidienne. Resultats Un quart (26,9 %) des femmes interrogees (N1 = 1800) declarent n’avoir pas effectue de FCU au cours des trois dernieres annees. La frequence de ce retard est plus elevee dans les quartiers pauvres que dans les quartiers riches, et plus faible dans les quartiers a densite medicale intermediaire que dans ceux a faible ou forte densite. Pour l’ensemble de ces femmes (frequentant un, deux ou trois quartiers selon les cas), le profil socioeconomique et la densite medicale des quartiers frequentes sont significativement associes au retard au FCU : les femmes qui ne frequentent que des quartiers pauvres sont plus a risque de retard que celles qui ne frequentent que des quartiers riches ; celles qui frequentent uniquement des quartiers a forte densite medicale sont moins a risque de retard que les autres. Chez les femmes actives et mobiles (N2 = 704), on observe des risques significativement plus eleves de recours tardif au FCU que chez les femmes qui resident ou visitent des quartiers pauvres (et la meme tendance, quoique non significative, est observee pour le quartier de travail). Les resultats sont moins nets concernant la densite medicale. Conclusion La segregation socio-spatiale, non seulement des lieux de residence mais aussi des activites quotidiennes des femmes dans des quartiers pauvres et/ou a faible ou moyenne densite medicale en generalistes et gynecologues apparait pejorative pour leur recours adequat au FCU. Ces resultats soulignent l’importance de prendre en compte d’autres espaces que le seul quartier de residence dans la caracterisation des inegalites socio-territoriales de recours aux soins dans l’agglomeration parisienne.
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