Signification clinique des anticorps antiphospholipides d’isotype M isolé : étude rétrospective sur 186 patients porteurs d’anticorps anticardiolipine et anti-ß2-glycoprotéine I

2017 
Introduction Les criteres diagnostiques du syndrome des antiphospholipides (SAPL) comprennent les anticorps anticardiolipine (aCL) et anti-s2-glycoproteine I (anti-s2GPI) d’isotypes G et M, ainsi que l’anticoagulant circulant (ACC). Le role pathologique des anticorps antiphospholipides (aPL) d’isotype M est actuellement controverse. L’objectif de cette etude etait de comparer les profils cliniques des patients presentant les differents isotypes d’aPL afin de preciser la pertinence clinique de la recherche de l’isotype M en pratique courante. Patients et methodes Il s’agissait d’une etude retrospective, monocentrique. Les patients inclus etaient porteurs d’aPL (aCL et/ou anti-s2GPI) persistants (presence confirmee a au moins 12 semaines d’intervalle), a titre significatif (> 99 e percentile determine chez des sujets sains). Les patients etaient classes en trois groupes selon le profil isotypique des aPL : isotype M isole (« groupe M »), isotype G isole (« groupe G ») ou isotypes G et M associes (« groupe GM »). Les donnees demographiques, biologiques et cliniques etaient comparees. Resultats Cent quatre-vingt-six patients ont ete inclus. Il n’y avait pas de difference significative entre les groupes en termes de sexe : 64,7 % de femmes dans le groupe M, 71,9 % dans le groupe G et 74,1 % dans le groupe GM ( p  = 0,49). Les patients du groupe M avaient presente un premier evenement clinique de SAPL a un âge plus eleve que les patients des groupes G et GM : âge moyen de 48,2 ans dans le groupe M, 36,0 ans dans le groupe G et 35,0 ans dans le groupe GM ( p p p  = 0,007). Mais en l’absence d’ACC, la frequence du SAPL n’etait pas significativement differente entre les groupes : 47,9 % des patients du groupe M, 57,6 % du groupe G, 33,3 % du groupe GM ( p  = 0,34). Il n’y avait pas de difference entre les groupes en termes de frequence de survenue d’evenements thromboemboliques ( p  = 0,32 pour les thromboses arterielles, p  = 0,29 pour les manifestations thromboemboliques veineuses), ni en termes de localisations de ces thromboses vasculaires. En revanche, les manifestations obstetricales etaient moins frequentes chez les patientes du groupe M : 6,8 % des patientes du groupe M, 39,1 % du groupe G et 22,5 % du groupe GM ( p  = 0,001). Il n’y avait pas de difference significative entre les groupes quant au caractere isole ou associe a une autre maladie (maladie auto-immune, infection, hemopathie), que les patients presentent ou non un SAPL. Conclusion Les isotypes G et M des anticorps antiphospholipides ont la meme signification clinique dans le SAPL vasculaire. La frequence plus elevee du SAPL chez les patients presentant des aPL d’isotype G est liee a la presence associee de l’anticoagulant circulant, et non a l’isotype G lui-meme. Le SAPL obstetrical est plus frequent chez les patientes presentant des anticorps antiphospholipides d’isotype G. S’agissant de SAPL vasculaire, les aPL d’isotype M doivent etre consideres de la meme facon que ceux d’isotype G, dans la discussion diagnostique et therapeutique, en particulier en l’absence d’anticoagulant circulant.
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