Recherche systématique de parasites chez les lépreux au Mali

La pratique de la polychimiotherapie (PCT) de la lepre, etablie en 1981, a considerablement reduit le nombre de cas dans le monde. Cependant l'utilisation des medicaments de PCT antilepreuse (Dapsone, Rifampicine, Clofazimine) peut entrainer souvent des reactions qui sont traitees par les corticoides. La modification de la reponse immune induite par la lepre elle - meme et l'immunosuppression imputable a la corticotherapie au long cours pourraient favoriser la survenue des infections parasitaires. Dans le but de verifier cette hypothese, nous avons mene une etude cas temoins (lepreux, non lepreux) pour evaluer la frequence des parasitoses. L'etude a eu lieu a l'Institut Marchoux de Bamako. Un examen de selles et d'urines, une biopsie cutanee exsangue (BCE), une goutte epaisse et un frottis mince ont ete effectues chez tous les patients recrutes pendant une annee. 121 lepreux et 219 non lepreux âges de 10 a 84 ans ont ete inclus dans l'etude de mars 1999 a fevrier 2000. Soixante-deux pour-cent des lepreux etaient sous corticotherapie. La prevalence des portages de kystes d'Entamoeba coli et Entamoeba histolytica etait plus elevee (p=0,02) chez les lepreux que chez les non lepreux. Parmi les helminthes, une difference significative a ete obtenue avec les ankylostomes. Nous avons observe 3 cas de cryptosporidiose et un cas d'isosporose chez les lepreux. Les prevalences des parasitoses urinaires (Schistosoma haematobium et a Trichomonas vaginalis) et des parasitoses cutanees (Onchocerca volvulus), ne presentaient pas de difference significative entre les deux groupes d'etude. La prevalence de Plasmodium falciparum etait de 4,9% (n=121) chez les lepreux et de 7,8% (n=219) chez les non lepreux. En conclusion, malgre l'immunosuppression due a la lepre ou a la corticotherapie, il n'y a pas reellement de risque de parasitoses importantes chez les lepreux. Des differences significatives de prevalence ont ete observees pour les infections a Entomoeba coli et a Entamoeba histolytica qui ont une faible implication pathogenique. La pratique de la corticotherapie n'avait pas eu d'impact sur la prevalence de ces parasitoses; aussi, la pratique de la polychimiotherapie ne semblait pas avoir eu d'effet significatif sur le portage de Plasmodium falciparum.