Arrêt cardiaque pendant l'anesthésie et la période de réveil. Données de l'enquête INSERM 1978–1982

Resume Ce travail analyse la frequence, les facteurs predisposants, les causes et le devenir de 458 arrets circulatoires survenus pendant une anesthesie et les 24 heures suivantes. Ces accidents ont ete rassembles par l'enquete prospective effectuee entre 1978 et 1982 par l'INSERM sur un echantillon d'hopitaux et de cliniques, representatif de l'activite anesthesique en France. La frequence globale des arrets circulatoires est de 1 pour 433 anesthesies, avec une evolution fatale dans 79 % des cas avant la 24 e heure postoperatoire, soit 1 deces pour 547 anesthesies. Les arrets circulatoires non lies a l'anesthesie sont trois fois plus frequents que ceux qui y sont lies. Parmi ces derniers, une moitie est partiellement en relation avec l'anesthesie et l'autre totalement. Le pronostic des arrets totalement lies a l'anesthesie est six fois meilleur que celui des non lies (64 % de guerison sans sequelles contre 10 %). Les arrets circulatoires non anesthesiques surviennent en fin d'intervention et surtout en periode postoperatoire. Les principales causes sont l'hypovolemie, l'infection et la gravite de l'affection chirurgicale. Un quart des arrets circulatoires anesthesiques survient pendant l'induction, un autre pendant l'entretien et la moitie restante en phase de reveil postanesthesique. Les premiers sont surtout la consequence d'une histaminoliberation et ont le pronostic le plus favorable. Les derniers resultent essentiellement d'une depression respiratoire postanesthesique meconnue et ont la mortalite la plus elevee. Les auteurs insistent sur la necessite d'une meilleure detection preoperatoire des sujets a risque, d'une induction lente et progressive et d'une surveillance etroite de l'opere, non seulement en cours d'intervention mais aussi en periode de reveil.