Controverse : les traitements de fond modifient-ils le passage en forme secondairement progressive ? Synthèse

Dans la cohorte de Goteborg en Suede, suivie depuis les annees 1950 on retrouve 14 % de formes non evolutives benignes n’ayant jamais evolue vers une forme secondairement progressive (SP) apres plus de 45 ans d’evolution (« formes frustes de sclerose en plaques »). L’EDSS 7 etait atteint apres 48 ans d’evolution de la maladie (mediane) et 50 % avaient evolue vers une forme SP a 15 ans (ce qui rejoint les donnees de la cohorte historique de Londres, Ontario). Ces donnees montrent que dans la grande majorite des cas la maladie va evoluer sans traitement vers un handicap important a long terme et que cette evolution est etroitement liee au passage en forme secondairement progressive (plus qu’a la frequence des poussees). Les formes benignes apparaissent comme celles qui ne sont jamais passees en forme secondairement progressive. Des donnees recentes semblent montrer que le delai de passage en forme secondairement progressive (plus de 30 ans dans la cohorte MSBase) et le delai d’atteinte de l’EDSS 6 recule depuis l’apparition des traitements de fond il y a une vingtaine d’annees. Cependant les etudes comparees randomisees contre placebo ne durent pas plus de 2 ou 3 ans et de nombreux biais peuvent intervenir dans les etudes de suivi a long terme : patients aggraves perdus de vue (les bons repondeurs au traitement restent majoritairement bien suivis), changement des populations analysees avec un taux de poussee en debut de maladie avant la mise sous traitement de fond de plus en plus faibles a l’epoque contemporaine, changements environnementaux encore largement mal compris qui pourraient contribuer a une evolution naturelle de la maladie moins severe. Les nouvelles donnees tres recentes issues des cohortes comme celle de l’observatoire francais de la sclerose en plaques (OFSEP) ou MSBase font l’objet d’une analyse statistique nouvelle par scores de propension qui permettent d’apparier (en terme de frequence des poussees, EDSS, âge, sex-ratio …) les populations de patients comparees entre elles. Les premieres donnees issues de ces cohortes semblent montrer un recul du passage en forme secondairement progressive avec les traitements de fond precoces et les plus efficaces actuellement disponibles.