COVID-19 critique et anticorps anti-Interféron : série de 11 cas

2021 
Introduction La survenue de formes severes ou critiques de COVID-19, avec necessite d’une hospitalisation en reanimation, est associee a la presence d’anticorps anti-Interferon de classe I dans environ 10 % des cas [1] . Ces anticorps identifies dans le contexte de la COVID-19 bloquent les molecules d’interferon (IFN) et expliqueraient chez ces patients, la survenue d’une atteinte grave de COVID-19, avec une absence d’elimination precoce du virus SARS-CoV-2. Ainsi, il s’agirait d’une forme de deficit immunitaire, acquis, dirige contre le virus SARS-CoV-2 mais aussi potentiellement contre d’autres virus. Les caracteristiques cliniques, biologiques et morphologiques des patients presentant ces anticorps n’ont pas ete decrites precisement, l’evolution des patients n’est pas connue. Patients et methodes Une recherche d’anticorps anti-Interferon a ete realisee chez des patients ayant ete pris en charge en reanimation a l’hopital Begin, a l’hopital Avicenne et a l’hopital Foch pour une COVID-19. La presence d’anticorps anti-IFNalpha2 et anti-IFNomega etaient recherchee par test ELISA puis confirmee par un test fonctionnel d’inhibition de la phosphorylation de STAT1. Les caracteristiques cliniques des patients ont ete relevees a partir des dossiers medicaux. Un suivi medical a ete organise afin de suivre leur evolution sur le plan clinique, biologique et morphologique. Resultats Onze patients ont ete identifies. Il s’agissait de 11 hommes. L’âge median au diagnostic etait de 60 ans (min 36 - max 80). Parmi les autres facteurs de risques de COVID-19 grave classiquement identifies, on retrouvait chez eux, du diabete pour 1 patient, de l’hypertension arterielle pour 6 patients et de l’obesite (IMC > 30 kg/m2) pour 5 patients. L’IMC median etait de 29,8 kg/m2 (min 24 - max 32,8). Il n’etait pas note d’antecedent remarquable, notamment pas d’argument pour un deficit immunitaire, pas d’endocrinopathie auto-immune. On retrouvait 1 BPCO, 2 asthmes, 1 coronaropathie et 1 valve aortique mecanique. Au diagnostic de COVID-19, les signes cliniques initiaux habituels de l’infection etaient retrouves : asthenie (n = 11), fievre (n= 10), toux (n = 5). Deux patients presentaient des diarrhees et 2 de l’insuffisance renale aigue, moderee. Chez 2 patients, on notait une embolie pulmonaire sur le scanner initial. L’evolution etait marquee par une aggravation justifiant une admission en reanimation apres une mediane de 7 jours (min 3 - max 12), pour une forme severe chez 2 patients avec au maximum une oxygenotherapie au masque a haute concentration jusqu’a 15L/min pour 1 patient et 4L/min pour 1 autre. Une forme critique survenait chez 9 patients, avec recours a une intubation oro-tracheale pour ventilation mecanique pour 7 cas, une oxygenotherapie nasale a haut debit (OPTIFLOW) etait suffisante dans 2 cas. Des pneumopathies bacteriennes documentees necessitaient une antibiotherapie specifique dans 6 cas. Dans 10 cas, des traitements a visee specifique du COVID-19 etaient entrepris : corticotherapie (n = 4), hydroxychloroquine (n = 4), lopinavir/ritonavir (n = 3) et tocilizumab (n = 2). En raison du developpement d’un SDRA severe, des seances d’optimisation de l’oxygenotherapie par decubitus ventral etaient entreprises chez 5 patients, avec necessite d’un recours a une ECMO veno-veineuse pour le jeune patient de 36 ans. Afin d’eliminer les Ac antiIFN, ce dernier a egalement beneficie avec succes de 3 seances d’echanges plasmatiques. Au total, 9 patients ont survecu, la duree mediane d’hospitalisaiton en reanimation etait de 16 jours (min 2 - max 31). Les 2 deces sont intervenus apres limitation therapeutique pour SDRA refractaire. Avec un suivi median de 4,2 mois (min 1 - max 11,2), on note une bonne evolution chez l’ensemble des patients survivants, aucune reinfection n’a ete observee et une regression quasi complete des lesions pulmonaires scanographiques (n = 4/5) etait retrouvee a 3 mois. Lors du dernier bilan realise, il n’etait pas constate d’anomalie de la NFS (n = 7/8), ni syndrome inflammatoire (n = 6/7) et le taux d’immunoglobulines etait normal (4/4). Conclusion Cette serie de cas donne une premiere description des patients ayant presente une forme critique de COVID-19 avec Ac anti-IFN de classe I. En dehors de la faible prevalence de comorbidites, il ne semble pas y avoir de phenotype clinique particulier chez cette population en dehors de la predominance masculine.
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