Vers une validation du phénotype de la catatonie périodique : une approche combinée IRMf et rTMS personnalisée

2018 
La catatonie periodique, telle que definie par l’ecole de Wernicke-Kleist-Leonhard [1], ne correspond pas a une forme recurrente de catatonie definie par la CIM ou le DSM. Elle ne correspond pas plus a la catatonie periodique de Gjessing avec laquelle l’homonymie prete systematiquement a confusion dans la litterature. En effet, il ne s’agit pas d’un tableau clinique, mais d’un « phenotype », c’est-a-dire d’un diagnostic vie entiere, homogene au sein d’une meme famille. La catatonie periodique est d’evolution remittente-progressive dans 98 % des cas. Elle se presente sous la forme d’episodes psychotiques de type hyper- ou hypo-kinetiques (bipolarite observee dans 85 % des cas), entrecoupes de periodes de remissions completes au debut puis dans lesquelles des symptomes residuels deviennent de plus en plus marques. Ces derniers affectent principalement le domaine de la psychomotricite et aboutissent a un niveau modere de handicap fonctionnel (GAF 60 ± 20). Loin d’etre rare, ce phenotype correspond a 10 % des patients hospitalises pour psychose endogene et se retrouve ventile dans plusieurs categories diagnostiques de la CIM ou du DSM en fonction des episodes : trouble depressif, bipolaire, schizo-affectif ou schizophrenique pour la majorite. Sa prevalence est estimee a 0.2 a 0.3 % en Europe. Le sexe-ratio est equilibre (F/H = 1) a l’inverse d’autres formes de catatonies pour lesquelles il existe une forte sur-representation masculine (catatonies systematisees F/H = 0.3, p = 0.005). De plus, a l’oppose des catatonies systematisees, la catatonie periodique n’est associee ni a un effet de saisonnalite des naissances ni a un exces d’infection des voies aeriennes superieures au 2nd trimestre de la grossesse (36 vs 8 % des cas, p = 0.008). En revanche, elle est fortement heritable avec 23.5 % des apparentes du premier degre affectes par une forme homotypique, un chiffre qui monte a 41 % si on inclus les formes frustres, c’est-a-dire celles qui ne se sont pas manifestees par un trouble psychotique mais par une simple atteinte de la psychomotricite. Cela contraste avec les catatonies systematisees pour lesquelles seuls 4 % des apparentes souffrent d’un trouble psychotique (p = 0.001). L’heritabilite montre aussi un effet d’anticipation marque puisqu’il n’est pas rare que l’enfant developpe la pathologie avant le parent. L’ensemble de ces donnees font de la catatonie periodique un phenotype pertinent pour la recherche d’une cause biologique. Si les recherches genetiques ont identifie deux loci en 15q15 et 22q13, aucune etude d’imagerie n’avait ete entreprise jusqu’alors. Aussi nous avons compare une population de patients presentant une catatonie periodique a des temoins et a un autre phenotype, la cataphasie qui affecte principalement le domaine de la pensee et du langage. Dans cette etude, nous avons pu mettre en evidence une augmentation du debit sanguin dans les regions centrales et premotrices gauche [2]. Cette anomalie differenciait la catatonie periodique non seulement des temoins mais aussi des patients souffrant de cataphasie montrant sa specificite par rapport a cette autre psychose. De plus comme les deux populations etaient traitees par des doses identiques d’antipsychotiques, il ne s’agit sans doute pas d’un simple effet de la therapeutique. Sur une petite population de 8 patients souffrant de catatonie periodique nous avons utilise une technique d’imagerie capable de mettre en evidence les anomalies fonctionnelles patient par patient. L’anomalie precedemment decrite etait observee chez tous les patients souffrant de catatonie periodique et aucun des patients souffrant de depression (n = 22) ou de catatonie systematisee (n = 3). L’hyperactivite unilaterale gauche du cortex central et premoteur pourrait donc bien etre un biomarqueur de la pathologie. Mais nous avons voulu nous assurer qu’il ne s’agissait pas d’une simple correlation et que cette anomalie jouait bien un role dans l’expression de la symptomatologie clinique. Pour cela, nous avons inhibe ces cortex par rTMS personnalisee. Sept des huit patients ont presentes une amelioration minime a tres importante a la CGI alors que la stimulation excitatrice du cortex dorsolateral prefrontal gauche a entraine une amelioration minime chez deux patients et une deterioration chez un autre. La stimulation des regions parietales qui servaient de controle a entraine une aggravation importante chez un patient. Il y a donc des arguments pour faire de l’hyperactivite des regions centrales gauche une anomalie en rapport directe avec la physiopathologie de la catatonie periodique. L’ensemble de ces resultats, s’ils venaient a etre confirmes, valideraient le phenotype de catatonie periodique et le ferait ainsi passer au statut de maladie.
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