Nouveaux effets secondaires médicamenteux des ITK : 2 observations

2016 
Introduction Le concept des therapies ciblees est tres prometteur, en permettant uniquement la mort des cellules cancereuses. Cependant en pratique, les effets secondaires sont multiples et pas encore tous identifies car ces therapies sont nouvelles. Les cliniciens internistes devront etre tres attentifs pour diagnostiquer ces effets secondaires. Nous rapportons deux cas d’hyperferritinemie dont un avec un lupus induit survenus sous inhibiteur de tyrosine kinase. Observation Observation n o °1 : un patient de 57 ans est vu en consultation pour bilan d’une hyperferritinemie diagnostiquee sur un bilan systematique de surveillance chez un patient aux antecedents de leucemie aigue lymphoblastique (LAL) Philadelphie positive, en remission complete depuis avril 2012, traitee par chimiotherapie et autogreffe en fevrier 2012 ainsi que par imatinib depuis octobre 2011 poursuivi a ce jour (300 mg/j). Le patient est totalement asymptomatique et l’examen clinique est sans particularite. Le bilan biologique confirme une hyperferritinemie a 2500 μg/l apparue en juillet 2015 avec un coefficient de saturation de la transferrine a 72 %. Le bilan etiologique s’avere negatif avec notamment absence de syndrome inflammatoire, d’hemolyse, de pathologies hepatiques, de syndrome metabolique, d’alcoolisme, glycemie et bilan lipidique normaux. La recherche des mutations de l’hemochromatose (C282Y, H63D) est aussi negative. Le patient n’a pas ete transfuse de culots globulaires depuis de nombreuses annees. L’IRM hepatique objective une surcharge en fer majeure (> 135 mmol/mg de foie sec) sans signe de dysmorphie, ni cirrhotique. L’IRM myocardique n’apporte pas d’argument en faveur d’une surcharge myocardique en fer. Devant l’absence d’autres causes evidentes de surcharge en fer, l’imputabilite de l’imatinib est evoquee et corroboree par une enquete de pharmacovigilance. Observation n o °2 : une patiente de 65 ans suivie pour une LAL en RC cytogenetique et moleculaire depuis 2008 et traitee par un inhibiteur de tyrosine kinase (ITK) jusqu’en 2014, est vue en consultation en 2015 pour des douleurs articulaires inflammatoires des pieds, coudes et epaules. L’examen clinique ne trouve pas d’autres anomalies en particulier pas de signe en faveur d’un lupus systemique. De facon tres surprenante, le bilan biologique met en evidence des anti-ADN double brin tres positifs (658 UI/mL, n Discussion Les inhibiteurs de la tyrosine kinase sont indiques dans plusieurs hemopathies notamment la LAL a chromosome Philadelphie positif [t(9;22)]. L’hyperferritinemie est une complication rare des ITK. Le mecanisme de la surcharge en fer induite n’est pas connu mais pourrait etre secondaire a l’interference de l’imatinib avec le metabolisme de l’heme dans les cellules reticulo-endotheliales [1] . Contrairement aux 2 patients decrits, la surcharge ferrique peut etre bruyante notamment au niveau cutane avec une hemosiderose intradermique apres un an de traitement [2] voire au niveau des muqueuses apres plusieurs annees de traitement [3] . Pour ce qui est du lupus medicamenteux, la base nationale de pharmacovigilance ne rapporte que 2 cas d’atteinte articulaire avec anti-ADN double brins positifs sous ITK. Conclusion Les internistes doivent garder a l’esprit que les ITK, du fait de leur mecanisme d’action, pourront etre responsables de multiples effets secondaires en plus de leur toxicite classique, digestive, cutanee, cardiaque et hematologique, comme la survenue d’une surcharge en fer ou de lupus medicamenteux dont la physiopathologie reste encore a elucider.
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