Myopathies inflammatoires induites par les immunothérapies : du diagnostic au traitement

2019 
Introduction Les myopathies inflammatoires induites par l’immunotherapie (MII) sont rares mais potentiellement graves. Leur prise en charge n’est pas standardisee et interroge sur la possibilite de reprise du traitement. L’objectif de cette etude est de preciser les caracteristiques des MII sous anti-PD-1, leur traitement et l’impact d’une reprise de l’immunotherapie (IT) par la suite. Materiel et methodes Etude francaise multicentrique retrospective incluant des patients ayant developpe une MII sous anti-PD-1. Les donnees ont ete recueillies dans les services d’oncodermatologie et d’oncologie thoracique d’avril 2018 a mai 2019, avec 10 centres participants. Resultats Dix-huit patients (2 en situation adjuvante) traites par anti-PD1 et presentant une MII ont ete identifies, dont 3 dermatomyosites. Le delai median de survenue apres initiation de l’IT etait de 36 jours [8–388]. Douze patients avaient une MII de grade CTCAE 1-2 et 6 de grade ≥ 3, dont 2 deces. L’atteinte musculaire peripherique (n = 17) predominait sur les ceintures (n = 10). Des signes de gravite ORL ou respiratoire etaient presents dans 50 % des cas avec 1 cas de myocardite associee. Les CPK etaient augmentes dans 89 % des cas avec un taux median de 9,8 N [1,2–55,7]. Le diagnostic etait conforte par une IRM musculaire, un Pet-scan et/ou un EMG dans 86 % des cas et systematiquement par la biopsie musculaire lorsqu’elle etait faite (n = 11). Le DOT myosite etait negatif dans 88 % des cas. Seize patients ont recu une corticotherapie generale (CTG). Parmi eux, 37 % ont eu des bolus de methylprednisone + CTG ≥ 1 mg/kg/jour, 44 % une CTG ≥ 1 mg/kg/jour sans bolus et 19 % une CTG faible dose. Pour 4 patients, des IgIV (n = 4), du methotrexate (n = 1) ou du rituximab (n = 1) ont ete introduits apres echec de la CTG et pour une presentation plus severe de grade ≥ 3. La decroissance de la CTG a ete rapide avec une mediane de 11 semaines [4–59]. Pour 89 % des patients les symptomes ont ete resolutifs sans rechute avec un recul median de 319 jours [90–1126]. Apres remission de la MII, une IT a ete reprise chez 7 patients soit avec le meme (n = 3) ou un autre (n = 3) anti-PD-1, soit avec l’ipilimumab (n = 1), dans un delai median de 120 jours [30–434] apres la derniere cure d’anti-PD-1. Les anti-PD-1 n’ont pas ete interrompus pour 2 cas de MII de grade 1. Parmi ces 9 patients ayant soit poursuivi soit ete retraites par IT, 5 (56 %) ont eu un benefice oncologique et sont toujours en cours de suivi. Aucune rechute de la MII n’a ete rapportee suite a la reprise du traitement. Conclusion Les MII surviennent precocement sous IT avec un phenotype different des myopathies inflammatoires classiques. Il ressort que : – la posologie de la CTG peut etre adaptee a la severite, – une duree courte de CTG permet une resolution complete des MII plus rapide que dans les formes classiques, – le benefice des autres immunosuppresseurs n’est pas certain, – la reprise d’une IT par la suite est possible sans rechute.
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