Caractérisation de l’anémie hémolytique auto-immune associée aux hémopathies lymphoïdes à partir du registre des hémopathies malignes de Côte d’Or

2020 
Introduction L’anemie hemolytique auto-immune (AHAI) est une cytopenie auto-immune (CAI) caracterisee par une destruction des globules rouges par des auto-anticorps diriges contre certains de leurs antigenes de surface. Son incidence est estimee entre 1 et 3/100 000 personnes-annees (PA). Les AHAI a auto-anticorps chauds sont les plus frequentes et les formes secondaires, observees dans la moitie des cas, ont tendance a augmenter avec l’âge, notamment en association aux hemopathies malignes. Les donnees de la litterature reposent cependant sur de faibles cohortes ou des centres tertiaires, avec un possible biais de recrutement. L’objectif de notre etude est de decrire la frequence de l’AHAI associee aux hemopathies lymphoides a partir des donnees du registre des hemopathies malignes de Cote d’Or (RHEMCO), et d’en preciser les caracteristiques cliniques et les modalites de prise en charge. Materiels et methodes Il s’agit d’une etude monocentrique retrospective a partir des donnees du PMSI du CHU de Dijon et du registre des hemopathies malignes de Cote d’Or entre le 01/01/1995 et 31/12/2015, incluant tous les patients atteints de LLC, de lymphome malin non hodgkinien (LMNH) B ou T ou lymphome de Hodgkin (LH) avec une AHAI. Le diagnostic d’AHAI etait retenu devant l’association d’une anemie (hemoglobine  120 G/L, haptoglobine 14 μmol/L) et un test direct a l’antiglobuline (TDA) positif (IgG ± C3d). Resultats La frequence de l’AHAI au cours des hemopathies lymphoides, determinee a partir du RHEMCO, est de 0,77 % (n = 27/3499) : 1,10 % au cours de la LLC, 0,67 % lors du LMNH B, 0,87 % lors du LMNH T, et 0,36 % lors du LH. La frequence du syndrome d’Evans est de 0,29 % (n = 10) au cours des hemopathies lymphoides avec 0,44 % lors de la LLC, 0,24 % lors du LMNH B et 0,43 % lors du LMNH T. Parmi les 115 patients atteints d’hemopathies lymphoides et de CAI (RHEMCO + PMSI), 56 patients avec une AHAI secondaire ont ete identifies, dont 17 avec un syndrome d’Evans. L’AHAI etait associee a un LMNH B de bas grade dans plus de la moitie des cas (54 %), a la LLC dans 30,5 %, a un LMNH T dans 13 % et a un LH dans 2,5 %. Le syndrome d’Evans etait egalement plus frequemment associe aux LMNH B de bas grade (47 %) et a la LLC (41 %). L’anemie survenait apres le diagnostic de l’hemopathie dans 38 % des cas pour l’AHAI, avec un delai median de 3 ans [0,5 ; 18,4] et dans 65 % pour le syndrome d’Evans avec un delai de 5,1 ans [0,3 ;10,1]. Le diagnostic de l’hemopathie et de la CAI etait synchrone (≤ 3 mois) dans 49 % pour l’AHAI et dans 29 % pour le syndrome d’Evans. Les patients presentaient une splenomegalie dans 63 %. Le taux median d’hemoglobine au diagnostic d’AHAI etait de 7,5 g/dL [3,5 ;12,3] ; il s’agissait d’une AHAI a autoanticorps chauds dans 87 % des cas. Une anomalie au myelogramme, a l’electrophorese des proteines seriques, a l’immunofixation ou a l’immunophenotypage des lymphocytes circulants etait observee dans 97 % des cas. Les patients avec une AHAI secondaire etaient traites dans 97 % des cas : 90 % recevaient un traitement specifique de l’AHAI et 67 % une chimiotherapie pour l’hemopathie. Apres un suivi median de 5,6 ans, le pourcentage de remission de la CAI etait de 56 %. Une reponse aux traitements conventionnels de l’AHAI etait observee dans 53 % pour les corticoides, dans 82 % pour le rituximab et 43 % pour la splenectomie. Conclusion Cette etude permet d’estimer l’incidence de l’AHAI a 0,063/100 000 PA au cours de la LLC, a 0,081/100000 PA au cours du LMNH B, et a 0,01/100 000 PA lors du LMNH T et du LH, ce qui en fait une manifestation rare. Ces incidences sont assez proches de celles observees pour le PTI secondaire aux hemopathies lymphoides, alors que le PTI est globalement 10 fois plus frequent que l’AHAI, ce qui traduit le caractere frequemment secondaire de l’AHAI. Le diagnostic d’AHAI est synchrone ou suit celui de l’hemopathie dans pres de 90 % des cas, les patients pour qui un diagnostic d’AHAI primaire a ete pose ont donc peu de risque de developper une hemopathie maligne dans les suites. Le recours a une chimiotherapie n’est necessaire que dans 2/3 des cas. Le rituximab semble avoir une place de choix pour ces patients tandis que la reponse a la splenectomie semble inferieure a celle observee pour les AHAI primaires.
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