Le niveau de ghréline plasmatique comme marqueur de risque des troubles du comportement alimentaire chez la femme obèse

2018 
Introduction et but de l’etude L’obesite et les troubles du comportement alimentaire (TCA), notamment l’hyperphagie boulimique et l’addiction a l’alimentation, sont fortement associes avec de possibles processus etiopathogeniques partages. La restriction alimentaire peut induire des TCA et il est donc utile de pouvoir depister les sujets obeses les plus a risque de developper des TCA lors de leur prise en charge. La ghreline acylee (GA) est une hormone qui stimule la prise alimentaire et qui module les voies dopaminergiques et serotoninergiques centrales impliquees dans les phenomenes de dependances aux substances ainsi que dans la regulation de l’impulsivite. L’objectif de notre etude etait donc de determiner si le taux plasmatique de GA a jeun pouvait discriminer les patientes obeses les plus a risque de developper des TCA. Materiel et methodes La population de l’etude etait composee de 84 femmes entre 20 et 55 ans sans TCA ni troubles psychiatriques connus : 55 etaient obeses (IMC ≥ 35 kg.m −2 ) et 29 etaient de corpulence normale (IMC 20–25 kg.m −2 , groupe controle). Les patientes obeses ont ete stratifiees en deux groupes en fonction de leur niveau de GA a jeun, avec un groupe Basse GA (BGA : GA moyenne = 8 ± 5,85 pg.mL −1 ) et un groupe Haute GA (HGA : GA moyenne = 66 ± 45,04 pg.mL −1 ). Le groupe de femmes normoponderees et les groupes BGA et HGA ont ete compare sur le plan comportemental en utilisant l’echelle d’inventaire des TCA (EDI-2), l’echelle d’evaluation de desinhibition dans la prise alimentaire (TFEQ), l’echelle d’anxiete et de depression (HAD). Le score de sensation de faim a jeun a ete evalue a l’aide d’une echelle visuelle analogique. Les parametres metaboliques (glycemie, insulinemie, leptinemie) ont egalement ete compares entre les groupes. Resultats et analyse statistique Chez les femmes obeses, la comparaison des groupes HGA et BGA n’a pas mis en avant de difference statistique dans les parametres anthropometriques et metaboliques, ainsi que dans les scores de l’HAD, du TFEQ et de sensation de faim a jeun. Le phenotypage des traits comportementaux avec l’auto-questionnaire EDI-2 met en evidence une difference significative sur le score de la sous-echelle « desir de minceur », score qui est plus eleve dans le groupe HGA que dans le groupe BGA (9,30 ± 0,99 vs 6,46 ± 0,83, p  = 0,033). Conclusion Notre etude met en avant qu’une concentration elevee de ghreline plasmatique a jeun chez la femme obese est associee a un desir de minceur plus eleve. Un score eleve a cette sous-echelle de l’EDI-2 est associe, dans la litterature, a un plus grand risque de developper ou de presenter des TCA. Si la restriction alimentaire est susceptible d’elever la GA, notons que les scores de restriction alimentaire du TFEQ etaient identiques dans les groupes HGA et BGA. Ces resultats nous permettent de poser l’hypothese d’une relation entre les concentrations plasmatiques a jeun de GA et le risque de TCA, independamment de l’humeur et de l’anxiete. La GA pourrait donc s’averer etre un biomarqueur de vulnerabilite aux TCA, ce qui necessite une confirmation exploratoire.
    • Correction
    • Source
    • Cite
    • Save
    • Machine Reading By IdeaReader
    0
    References
    0
    Citations
    NaN
    KQI
    []