Syndrome de Stevens–Johnson secondaire au méthotrexate : une récidive accidentelle

2018 
Introduction Le syndrome de Stevens Johnson secondaire au methotrexate est une affection rare et grave qui peut rester confinee a la peau ou s’accompagner d’atteintes viscerales parfois letales. Nous rapportons le cas d’une patiente traitee par methotrexate pour une mole hydatiforme, qui a presente a deux reprises un syndrome de Stevens–Johnson. Observation Une femme de 30 ans, mere de deux enfants, etait suivie en gynecologie pour une mole hydatiforme. Celle-ci evoluait vers une mole toxique persistante avec ascension des HCG, necessitant la mise en route d’une monochimiotherapie type methotrexate. Quatre jours apres l’introduction de ce traitement, la patiente presentait un decollement cutane fait de bulles et de pseudo-cocardes siegeant preferentiellement sur les jambes, avec une conjonctivite, une cheilite et des erosions de la muqueuse genitale. Une biopsie cutanee objectivait des necroses keratinocytaires et un infiltrat eosinophilique. Les criteres d’imputabilite etaient en faveur de la responsabilite du methotrexate. Les examens complementaires ne montraient pas d’atteinte viscerale infraclinique. Apres arret du methotrexate, la patiente presentait une nette amelioration. Un mois plus tard cependant, le medicament etait reintroduit par une autre equipe de gynecologie. Apres deux injections a la meme dose, la meme symptomatologie apparaissait, motivant son transfert dans notre service. Discussion Le methotrexate est une molecule anti-acide folique communement utilise comme chimiotherapie anticancereuse ; il engendre une toxicite keratinocytaire en induisant l’apoptose des keratinocytes par le biais d’une hypersensibilite retardee. La toxidermie au methotrexate est grave, avec une mortalite d’environ 17 %. Elle predomine dans le sexe masculin ; selon une etude taiwanaise, un âge avance serait un autre facteur de risque. Chez notre patiente, le diagnostic a ete retenu sur des criteres cliniques histologiques et pharmacologiques. L’evolution etait favorable apres arret du medicament, qui a ete remplace par de l’actinomycine D. Le methotrexate a ete interdit a vie. Conclusion Le syndrome de Stevens–Johnson associe au methotrexate est une affection rare, pas toujours letale ; dans ce cas la benignite de la symptomatologie n’autorise pas pour autant la poursuite du traitement (meme si la recidive chez notre patiente etait peu frappante).
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