Bloquer l’inflammation de type 2 par le dupilumab améliore la dermite de contact aux protéines

2020 
Introduction La dermatite de contact aux proteines (DCP) est une forme peu frequente d’eczema chronique des mains (ECM), concernant environ 3 % des patients. La DCP comprend un eczema chronique associe a des exacerbations urticariennes au contact d’un allergene proteique. Son traitement, reposant sur l’eviction allergenique et les traitements anti-inflammatoires conventionnels, est mal codifie et souvent decevant. Nous decrivons ici le cas d’une patiente atopique atteinte de DCP, tres amelioree par le dupilumab, une biotherapie anti-interleukine (IL)-4/IL-13. Observations Une femme de 39 ans, aide-soignante, presentait une dermatite atopique (DA) diffuse depuis l’enfance et une DCP. La DCP etait declenchee par le contact de nombreux aliments (pomme de terre, oignon, ail, viande de poulet et de bœuf). Les prick-tests etaient positifs pour l’ensemble de ces aliments, par ailleurs bien toleres a l’ingestion. Un traitement par ciclosporine, puis par methotrexate, controlait la DA, sauf au niveau des mains ou persistait un ECM severe, malgre des mesures de prevention. L’ECM comprenait une pulpite seche et fissuraire avec un perionyxis inflammatoire, s’aggravant apres chaque poussee d’urticaire en cas de contact alimentaire. L’impact professionnel etait majeur faisant evoquer un reclassement professionnel, alors meme que la patiente avait reussi le concours d’entree en ecole d’infirmiere. Un traitement par dupilumab etait initie, avec une amelioration de plus de 90 % de l’ECM selon les scores SCORAD, HECSI (Hand Eczema Severity Index) et DLQI, a 3 et 6 mois de traitement, toujours en cours. La tolerance etait excellente, avec une disparition complete des poussees urticariennes en cas de contact alimentaire. La patiente pouvait poursuivre sa formation d’infirmiere. Discussion La physiopathologie de la DCP associerait une reaction immediate liee aux IgE, a une reaction retardee contre des proteines penetrant dans l’epiderme, d’autant plus facilement que celui-ci est altere par un eczema sous-jacent, d’origine irritative, allergique, ou atopique. Les cytokines inflammatoires impliquees dans la DCP sont encore mal caracterisees. Nieuwenhuizen et al. ont montre l’importance des cytokines de type 2, comme l’IL-13, dans le developpement de la DCP chez la souris. Ici, l’efficacite du dupilumab suggere que la DCP serait une maladie inflammatoire impliquant des cytokines de type 2, comme dans la DA. Le dupilumab pourrait etre une alternative therapeutique efficace en cas de DCP severe.
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