Accès palustres de zones de faible endémie : quelle place pour la chimiprophylaxie ?

2017 
Introduction En France, les recommandations de chimioprophylaxie du paludisme ont ete modifiees en 2015 et les « groupes » de prevention ont ete abandonnes au profit de recommandations plus precises prenant en compte l’incidence de la maladie (absente, faible ou forte) sur le territoire visite et le type de transmission sur ce territoire (localisee, saisonniere ou sporadique). Ces recommandations sont plus justes mais compliquent la tâche des praticiens face aux futurs voyageurs. Notre objectif etait d’estimer la proportion des acces a P. falciparum au retour de zone de faible endemie parmi les cas declares au CNR sur 5 ans puis de comparer leurs profils a ceux des patients revenant d’Afrique sub-saharienne, zone de forte endemie. Materiels et methodes Nous avons realise une etude retrospective sur les donnees de la base du CNR, afin de calculer la proportion de cas d’infection a P. falciparum issus de pays de faible endemie, puis nous avons compare les caracteristiques de ces acces a ceux issus d’Afrique sub-saharienne. Resultats Entre le 1 er janvier 2010 et le 31 decembre 2014, sur 9360 cas, seuls 124, soit 1,32 % (IC95 % [1,1–1,6]) etaient des cas de paludisme a P. falciparum au retour de zones de faible endemie. Il existe une tendance a la diminution de la proportion sur cette periode avec 2,4 % des cas en 2010 et 0,7 % en 2014. Parmi eux, 56 % avaient sejourne en Amerique latine ou dans les Caraibes, 17 % en Asie centrale ou dans le sous-continent Indien et 14 % en Asie du Sud-Est ou de l’Est. Parmi les patients revenant de zone de faible endemie, 29 % avaient visite des amis ou de la famille (VFR), 22 % etaient expatries a l’etranger ou etrangers en voyage en France, 19 % etaient touristes et 12 % militaires en mission. Plus d’un patient sur trois (35 %) avait passe plus de 12 semaines dans la zone concernee, 40 % y avaient passe moins d’un mois. Seize avaient un acces palustre grave et aucune forme asymptomatique ou paludisme visceral evolutif n’a ete retrouve. Les deux groupes etaient comparables hormis une proportion significativement plus elevee d’hommes (73 % vs 62 %, p 0,02) et de voyageurs partis plus de 12 semaines (35 % vs 21 %, p 0,01) dans le groupe zone de faible incidence. Enfin, 69 % des voyageurs au retour de zone de forte endemie etaient VFR contre 29 % au retour de zone de faible endemie ( p 0,001). Conclusion Les cas de paludisme a P. falciparum revenant de zone de faible endemie sont peu nombreux chaque annee ce qui remet en question l’indication a la chimioprophylaxie systematique pour ces destinations. Si les donnees utilisees ne permettent pas de definir des facteurs de risque d’acces palustre chez les voyageurs visitant ces zones, elles mettent en lumiere le fait qu’ils n’ont pas le meme profil et qu’il faudrait l’integrer a la reflexion avant meme d’entrer dans le detail des zones visitees.
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